Beyrouth-Paris : Quand les internautes libanais s’interrogent sur une solidarité à géométrie variable

Le 12 novembre à 18h, un double attentat secoue Bourj el-Brajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant 44 morts. Le lendemain soir, sept attaques, tuant 129 personnes, endeuillent Paris. Facebook réagit rapidement au drame survenu dans la capitale française et propose aux internautes de faire savoir à leurs « amis » qu’ils sont en sécurité grâce au bouton « safety check ».

Les Libanais, eux, n’ont pas eu cette possibilité. Pourtant, les deux attentats présentent des similarités, dont le nombre élevé de morts et une revendication par le groupe État islamique.

Des blogueurs libanais font alors part de leur étonnement et de leur indignation. « Il y a eu deux horribles nuits, écrit ainsi Joey Ayoub sur son blog, Hummus for thought. La première a ôté la vie à plus de 40 personnes à Beyrouth, la deuxième à plus de 100 à Paris. Il me semble évident qu’aux yeux du monde, la mort de mes compatriotes à Beyrouth n’a pas autant d’importance que celle de mes autres compatriotes à Paris ». Le post est partagé plus de 10.000 fois sur Facebook.

Nagib, du Blog Baladi, s’interroge aussi sur l’absence d’un Safety Check pour Beyrouth. « Je pense qu’il serait utile d’avoir cette application pour Beyrouth ainsi que pour le monde arabe. Nous avons subi plus de 20 attaques et bombes depuis 2014, et au moins 10 d’entre elles ont malheureusement visé des civils ».
Sur Twitter et Facebook, de nombreux internautes ont dénoncé le deux poids deux mesures de la solidarité internationale.

Inaugurée à l’occasion du séisme au Népal, cette application n’avait jusqu’alors été utilisée que lors de catastrophes naturelles. « Nous allons dorénavant l’activer pour davantage de désastres humains », explique M. Zuckerberg, qui a mis un drapeau tricolore sur sa photo de profil, en signe de « soutien à la France et aux Parisiens ».

    Cette application n’est toujours pas disponible pour le drapeau libanais, ceux qui souhaitent afficher leur compassion avec Beyrouth et le Liban doivent le faire manuellement. Ce qu’a fait le célèbre acteur égyptien, Adel Imam, en accompagnant son changement de photo de profil de ce message : « Le Liban est plus proche que la France. »

Salma Hayek, actrice mexicaine d’origine libanaise, a également affiché son soutien au pays du Cèdre sur Instagram. « Saisissons cette occasion pour penser aussi aux pays qui souffrent autant et plus fréquemment et ne reçoivent pas autant d’attention. Comme les bombardements au Liban il y a seulement deux jours », écrit Salma Hayek.

Quant à Angelina Jolie, un de ses fans s’en est chargé sur Facebook, dans un post qui a semé la confusion. « Alors que tout le monde parle de Paris, personne ne mentionne les attaques de l’EI au Liban hier. Je prie pour les deux pays », peut-on y lire. Un message que certains médias ont attribué, à tort, à l’actrice.

Le footballeur allemand Bastian Schweinsteiger et son collègue Cesc Fabregas, dont la femme est libanaise, ont aussi évoqué Beyrouth dans leurs posts sur Facebook. Et sur Google Lebanon, un ruban noir « en mémoire des victimes des attaques de Beyrouth » a été affiché.

 

L’ Orient Le Jour

 


 

 

 

 

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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