Boko Haram : Nigéria, Cameroun, Niger, Tchad…la menace s’étend

Une semaine après la prise de Baga, dans l’extrême nord-est du Nigeria, les islamistes de Boko Haram ont attaqué lundi une base de l’armée camerounaise à Kolofata.

Intenses combats au Cameroun

Des policiers camerounais en faction, dans la localité d'Amchide (nord), le 17 juin 2014.  Cinq heures d’affrontements, près de 150 jihadistes tués. Les chiffres donnent une idée de l’intensité des combats qui ont opposé lundi 12 janvier l’armée nigériane et les islamistes de Boko Haram, près d’une une base militaire à Kolofata, dans l’extrême-nord du Cameroun.

L’attaque a débuté à l’aube, vers 6h30 (heure de Yaoundé). Profitant de la brume, les assaillants ont d’abord surpris les forces de défense camerounaise « à proximité du camp militaire et sur d’autres points névralgiques de la localité », a précisé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary.

 

Après cinq heures de combats, les jihadistes ont finalement été repoussés vers la frontière avec le Nigeria. Aucun bilan de source indépendante n’a pu être établi. Celui du gouvernement camerounais fait état de « 143 terroristes de la secte criminelle Boko Haram tués » pour un soldat camerounais décédé.

Cette attaque d’envergure est la première lancée par les islamistes contre Kolofata depuis que le Bataillon d’intervention rapide (BIR), l’unité d’élite de l’armée camerounaise, s’y est déployé.

Le Niger et le Tchad inquiets

Le groupe ne cesse d’élargir son territoire dans le nord-est du Nigeria, mais il est aussi très actif sur les zones frontalières avec le Cameroun, le Tchad et le Niger, ce qui inquiète les autorités et populations voisines.

 

Début octobre, Boko Haram s’est emparé Malam Fatori et Damasak, deux localités du nord-est du Nigeria frontalières avec le Niger.

« On peut apercevoir le drapeau noir des jihadistes flotter de l’autre côté » de la frontière, déplorait ainsi début janvier le maire de Diffa au Niger, Hankaraou Biri Kassoum.  « Presque tous les villages, toutes les grandes villes du Nigeria proches du Niger sont à présent sous le contrôle de Boko Haram, nous vivons dans la peur d’éventuelles attaques des islamistes », a-t-il poursuivi.

Le Tchad voit également  les actions de Boko Haram se rapprocher dangereusement de son territoire.

Le massacre de Baga, au Nigeria

Une semaine après son assaut sur Baga, Boko Haram contrôle toujours ce carrefour commercial du nord-est du Nigeria. Les insurgés « ont monté des barricades dans les points stratégiques de la ville. Il y a des corps partout. Toute la ville empeste l’odeur des cadavres en décomposition », a rapporté lundi Borye Kime, un pêcheur de Baga.

Les massacres ont duré trois jours. Le groupe islamiste a lancé un premier assaut sur Baga, sur les rives du lac Tchad, au nord de l’État de Borno, le 3 janvier, avant de revenir plusieurs jours plus tard pour raser entièrement la ville et une quinzaine de villages aux alentours.

Des responsables locaux ont fait état d’un très grand nombre de morts mais aucun bilan n’a pu être confirmé. Quelque 20 000 personnes ont fui vers Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, à moins de 200 km au sud, ou vers les pays voisins, selon les secours.

Jeune Afrique

 

F. Achouri

Sociologue.

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