Burundi : une loi pour réglementer les pratiques religieuses

Les députés de l’Assemblée nationale Burundaise ont adopté à l’unanimité le 9 juillet dernier, une loi ayant pour objet l’encadrement de la « prolifération » des communautés religieuses, et spécialement des Églises évangéliques. Le ministre de l’Intérieur, Édouard Nduwimana, a expliqué à l’AFP qu’il « y a une prolifération des confessions religieuses au Burundi, tout cela allant jusqu’à perturber la quiétude des citoyens. Donc on met en place ce cadre légal pour lutter, pour réduire cette prolifération et pour réglementer la façon dont elles exercent leurs activités. »

La population burundaise est composée d’environ 60 % de catholiques, 20% de religions indigènes, 15 % de protestants et 5% de musulmans. Cependant les adeptes de la religion traditionnelle animistes ne sont pas réellement répertoriés ; de nombreux Burundais consultent les devins, faiseurs de pluies et sont aussi adeptes d’une religion monothéiste.
Cette nouvelle loi impose un minimum de 500 membres fondateurs pour être agréé, nombre porté à 1000 lorsqu’il s’agit d’une religion importée. De plus, elle impose aux communautés religieuses de pratiquer leur culte dans un « lieu décent », et aux citoyens de ne pas être affiliés à plus d’une religion, ce qui affecte directement les pratiques animistes. De plus, concernant ces pratiques, les autorités Burundaises vont encore plus loin, le ministre de l’Intérieur, par exemple, a qualifié la pratique de prières aux arbres de pratiques « rétrogrades ». Ce point de vue n’est pas unanime. En effet, le député catholique pratiquant Jean Miani a défendu les droits de ces pratiques majoritaires en rappelant le principe de respect du pluralisme religieux et de la liberté de culte inscrit dans la Constitution Burundaise. Mais il n’a pas été entendu, et s’est dit « incompris » par ses collègues de l’Assemblée nationale.

Le 24 juillet dernier, le Sénat a étudié la loi et a proposé plusieurs amendements. La plupart des Sénateurs jugent ce texte anticonstitutionnel. A l’instar du sénateur et ex-président Ntibantunganya qui relèvent plusieurs lacunes dans la loi qui ne permettent pas de garantir la liberté de religion telle que prévue par la Constitution. La loi a donc été renvoyée à l’Assemblée Nationale afin d’inclure les amendements proposés, moyennant le concours de la commission du Sénat.

 

Observatoire Pharos

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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