Canada : tous unis contre le projet de charte de la laïcité

Canada : Juifs, Catholiques, Musulmans & non-musulmans contre le projet de charte de la laïcité

Le 10 septembre dernier au Canada, le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, présentait le projet de « charte des valeurs québécoises » soutenu par le Mouvement laïc québécois (MLQ) qui affirmait que cette charte « va permettre aux gens de savoir ce qui est recevable ou non recevable » sur Radio-Canada.

Un projet contesté qui fragmenterait juridiquement le Québec à cause des dérogations accordées aux divers établissements ; et engendrerait des tensions communautaires puisque implicitement les musulmanes seront les plus concernées par une telle interdiction des signes religieux dans l’espace public, empêchées une fois encore d’accéder à des emplois de qualité.

Le gouvernement québécois refuse par ailleurs de retirer le crucifix trônant à l’Assemblée nationale, faisant fi de sa logique laïque, « au nom de l’Histoire ». Les citoyens religieux et les musulmans n’auraient-ils par leur place dans l’Histoire du Québec ? Les faits prouvent le contraire.

Une opposition toujours plus diverse

Entre la Fédération des Femmes du Québec, l’organisation juive B’nai Brith Canada, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, le Conseil musulman de Montréal, les opposants au projet sont nombreux.

Parmi les actions notoires, nous nous rappelons la protestation salutaire de l’hôpital canadien Lakeridge Health qui faisait campagne pour recruter des infirmières voilées avec le slogan « Nous ne nous préoccupons pas de ce qui est sur votre tête. Nous nous soucions de ce qui est à l’intérieur » ; suivie de milliers de manifestants à Montréal.

Et plus précisément, nous nous souvenons de ces enseignantes non-musulmanes qui ont revêtit le hijab en signe de contestation : Catherine Lu (professeur de sciences politiques de l’Université McGill) et Nora Jaffary (professeur d’histoire à l’Université Concordia) qui ne quitte plus son voile depuis, affirmant que « le voile doit rester un libre choix pour les femmes musulmanes du Québec ». Dans son témoignage, Nora Jaffary affirme que son fils de 8ans avait peur des moqueries à l’école, ce qui fut le cas.

Cette expérience lui a rappelé une maman voilée au jardin d’enfants, qui lui disait que « son enfant était malheureusement isolé à l’école, n’ayant qu’un seul ami d’origine tunisienne ». Si en théorie les parents devraient être responsables d’une éducation au respect et à la diversité, des réflexes d’exclusion sont souvent transmis.

Une initiative qui n’est pas sans nous rappeler l’énorme vague de soutien en Suède à la suite de l’agression d’une musulmane, où des milliers de suédoises (et de suédois!) s’étaient photographiés avec un foulard.

Si ces réactions pleines d’humanité et de compassion nous donnent espoir, pourquoi d’autres n’acceptent-ils pas le nouveau visage des pays européens, désormais multiculturels et riches de confessions et d’origines diverses ?

Ajib.fr

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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