Chine : le calvaire des Ouïgours musulmans

Les musulmans de Birmanie ne sont pas les seules victimes en Asie de la répression des autorités. En Chine, des violences contre les Ouïgours, une minorité musulmane principalement implantée dans le Xinjiang, dans l’ouest du pays, sont régulièrement constatées.

Le bilan des affrontements qui se sont produits mercredi 24 avril fait état d’au moins 21 personnes tuées. Les autorités ont déclaré la mort de plusieurs policiers et d’agents municipaux dans des violences qui seraient le fait de membres de la communauté ouïgoure décrits comme des « terroristes ».

« Trois travailleurs ont rencontré des personnes suspectes et des couteaux qui devraient être sous le contrôle de la police au cours d’une visite à leur famille dans le district de Barchuk, selon des informations des médias chinois que rapportent Le Monde. Ayant informé la police de la situation, ils ont été pris en otage par des truands qui étaient cachés dans la maison. Les policiers locaux venus s’occuper de la situation ont été attaqués par les truands, qui ont tué les trois otages sur place et mis le feu à la maison. »

Les Ouïgours contestent cette version et tiennent pour responsables les autorités, accusées de graves violences policières. Ce nouvel épisode sanglant rappellent celles de 2009. Plus de 200 morts avaient été dénombrés dans les rangs de la minorité musulmane turcophone qui constitue officiellement 45 % (10 millions) de la population du Xinjiang. Cette province devenue chinoise en 1949 est aussi appelée Turkestan oriental par les Ouïgours, qui dénoncent le colonialisme des Hans, l’ethnie majoritaire chinoise venue massivement exploiter les richesses naturelles de la région. La répression politique du pouvoir central à leur encontre est monnaie courante depuis plusieurs décennies.

« Le droit à la survie »

Un rassemblement pour soutenir les droits démocratiques du peuple ouïgour a été organisé, mercredi 24 avril, à Paris à l’occasion de la conférence mondiale des femmes ouïgoures, à l’initiative du Congrès mondial ouïgour (CMO), principale organisation en exil défendant les intérêts de leur peuple.

Dans un entretien accordé à TV5 Monde, Rebiya Kadeer, la présidente du CMO, revendique « le droit à la survie » de son peuple.

Depuis 2009, « la situation s’est tellement aggravée que nous en sommes réduits à revendiquer notre droit à la survie. Ce qui a changé en quelques années, c’est qu’aujourd’hui la Chine ne cache même plus ses intentions d’éradiquer les Ouïgours. Elle n’a plus peur des réactions internationales ». « La répression s’est considérablement durcie. Les arrestations et les condamnations se sont multipliées. Ce mois-ci, encore, 22 Ouïgours ont été condamnés à mort. Ces informations sont ouvertement communiquées par les autorités chinoises », poursuit-elle, rappelant au passage l’interdiction de la pratique de l’islam et de la langue ouïgoure.

« L’assimilation est vraiment violente. (…) Nous refusons de connaître le même sort que les Mandchous qui sont totalement assimilés. Il ne leur reste plus que le costume, le folklore. Comme les Tibétains, nous voulons résister », lance Rebiya Kadeer. Cette militante d’exception vit actuellement aux Etats-Unis après avoir été banni en 2005 de son pays au terme de six ans de prison pour « divulgation de secrets d’États ».

François Hollande, en visite officielle en Chine jeudi 25 avril, a été appelé à discuter du sort des Ouïgours avec le gouvernement chinois. Mais pour son premier voyage dans ce pays avec qui il souhaite renforcer des partenariats économiques, pas sûr que le chef de l’Etat veuille perturber les relations en mettant le respect des droits de l’Homme sur la table. Au grand dam de leurs fervents défenseurs.

 

Source : Saphirnews

 

 

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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