En Allemagne, les Églises face à l’islamophobie

Près de 18 000 personnes se sont réunies, comme chaque semaine, lundi 5 janvier, à l’occasion d’une manifestation « contre l’islamisation de l’Allemagne et de l’Occident », à Dresde.

 

Manifestations contre l’islamophobie et le mouvement anti-islam PEGIDA, à Cologne le  5 janvier.      Les Églises catholique et protestante, la communauté juive et des organisations musulmanes allemandes font front commun contre l’intolérance. Alors que le mouvement islamophobe des « patriotes européens contre l’islamisation de l’occident » (Pegida) prend de l’ampleur depuis plusieurs semaines dans le pays, les responsables religieux appellent d’une même voix à des « contre-manifestations », qui ont réuni 4 500 personnes le 22 décembre à Dresde, tandis que 17 500 répondaient à l’appel de Pegida. Dans le même temps, 400 personnes se sont rassemblées dans l’église protestante de la Sainte-Croix pour une prière œcuménique pour la paix.

L’« indispensable » dialogue interreligieux

Dans ce contexte, la Conférence épiscopale allemande insiste sur le caractère « indispensable » du dialogue interreligieux. Dans le diocèse de Rottenburg, une rencontre annuelle a lieu, depuis 2005, entre l’évêque et des représentants d’associations musulmanes.

L’an dernier, ils ont rappelé qu’aucune religion ne pouvait justifier des actes de violence. Aujourd’hui, dans ses vœux, Mgr Gebhard Fürst devait encourager la solidarité avec les réfugiés et condamner toute tentative de miner la confiance entre chrétiens et musulmans.

« Reconnaissance de l’autre et respect de chacun »

Le 24 décembre, Mgr Ludwig Schick, archevêque de Bamberg, a lui aussi appelé au dialogue interreligieux en soulignant le sens de Noël : une fête qui « bâtit des ponts entre Dieu et les hommes, entre les peuples et entre les cultures ».

Tout en souhaitant que puissent être évoquées les atrocités commises par des groupes islamistes et les craintes qu’elles suscitent, il a souligné que considérer que « l’Allemagne et l’Europe doivent se sauver » du péril islamiste est un mauvais point de départ pour une discussion ouverte.

« Sans reconnaissance de l’autre et respect de chaque individu, il n’y a pas de cohabitation », a de son côté estimé le président de la Conférence épiscopale et archevêque de Munich, le cardinal Reinhard Marx.

Le chef de l’Église protestante refuse de « diaboliser » Pegida

Le président de l’Église protestante, Heinrich Bedford-Strohm, considère lui aussi que « le dialogue interreligieux est la meilleure protection contre les préjugés ». « Il est évidemment toujours plus facile de projeter des peurs sur ce que l’on ne connaît pas, a-t-il relevé dans un entretien au quotidien Tageszeitung paru le 22 décembre. J’observe à l’inverse, dans mon environnement, (…) les chrétiens et les musulmans vivre ensemble de façon naturelle et paisible et s’inviter mutuellement à leurs célébrations religieuses. »

« Quand la prétendue culture chrétienne de l’Occident est utilisée pour justifier des paroles xénophobes, racistes et dédaigneuses, c’est le contraire de la chrétienté », a-t-il déclaré en référence au mouvement Pegida, tout en appelant au « dialogue » avec les manifestants, qu’il refuse de « diaboliser ».

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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