En Egypte, les femmes toujours victimes de « l’épidémie » de violences sexuelles

« Certaines ont été violées par de multiples assaillants, souvent armés de bâtons, de lames et d’autres armes », rapporte la FIDH.

 

Les violences sexuelles contre les femmes restent un fléau en Égypte, des centaines d’entre elles ayant été agressées depuis 2011, notamment lors de manifestations, sans que les responsables de ces actes n’aient été poursuivis, selon un rapport d’ONG publié mercredi.

« Les gouvernements égyptiens qui se sont succédés ne se sont pas attaqués aux violences faites aux femmes, et cela a des implications importantes sur (leur) participation à la transition politique du pays », souligne ce rapport d’organisations de défense des droits de l’Homme.

De nombreuses agressions sexuelles se sont produites durant les manifestations ayant marqué la révolte qui a renversé Hosni Moubarak il y a trois ans, sous le règne des militaires ayant assuré la transition, puis sous la présidence de l’islamiste Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet dernier. Entre novembre 2012 et janvier 2014, 250 cas ont ainsi été signalés, dont une grande partie sur et dans les environs de la place Tahrir au Caire, lieu emblématique des révoltes anti-Moubarak puis anti-Morsi, selon le rapport.

Des faits à replacer dans le contexte plus large d’une société où le harcèlement sexuel est pratiqué à grande échelle, au quotidien, dans les rues, les transports en commun, les écoles et universités, et sur les lieux de travail. En avril 2013, UN Women avait publié une étude dans laquelle 99,3 % des Egyptiennes affirmaient avoir été agressées sexuellement. 91 % d’entre elles déclaraient également ne pas se sentir en sécurité dans la rue.

« Les rescapées et les témoins ont fait état de la même façon de procéder (à chaque fois): des dizaines d’hommes entourent les (victimes), déchirent leurs vêtements et tripotent leurs corps ». « Certaines ont été violées par de multiples assaillants, souvent armés de bâtons, de lames et autres armes ». « Pourtant, en mars 2014, aucun agresseur n’avait été présenté devant la justice », dénoncent les organisations, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Le rapport contient le témoignage de plusieurs victimes.

« Les hommes étaient comme des lions sur un morceau de viande, leurs mains allaient partout sur mon corps et sous mes vêtements déchirés », raconte l’une d’elles, agressée lors d’une manifestation en juin 2012. « Plusieurs hommes m’ont violée avec leurs doigts en même temps. Soudain, j’étais sur le sol et les hommes me tiraient les cheveux, les jambes et les bras en continuant à me violer », ajoute-t-elle.

 

L’ Orient Le Jour/ AFP

 

F. Achouri

Sociologue.

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