Quatre Finlandais sont accusés d’avoir violé la législation qui interdit de perturber l’harmonie religieuse. Ils risquent entre deux et cinq ans de prison.
Leur chef d’accusation : « distribution présumée de matériel religieux dans un lieu public ». La police malaisienne a annoncé, mercredi 21 novembre, avoir arrêté à leur hôtel quatre ressortissants finlandais âgés de 27 à 60 ans sur l’île touristique de Langkawi, connue pour ses plages paradisiaques.
Selon les forces de l’ordre, le groupe (deux hommes et deux femmes) donnait aux passants des « brochures sur le christianisme ». Les suspects, placés en détention le temps de l’enquête policière, risquent jusqu’à 5 ans de prison.
Trouble à l’ordre public
Pour l’article 3 de la Constitution de Malaisie, « l’islam est la religion de la Fédération, mais les autres religions peuvent être pratiquées en sécurité et en paix ». C’est pour avoir violé la législation interdisant de perturber l’harmonie religieuse que les quatre visiteurs chrétiens ont été arrêtés, dans un pays où les questions religieuses sont ultrasensibles et où l’islamisme conservateur gagne du terrain.
La population compte 31 millions d’habitants, dont 70 % de Malais (musulmans), 20 % de Chinois (bouddhistes et chrétiens), et 10 % d’Indiens (hindous). Les catholiques représentent quant à eux un million de personnes. Ces composantes de la société ne font pas toujours bon ménage. En 1969, des émeutes meurtrières avaient opposé les Malais musulmans à la minorité chinoise. Et les litiges ethniques et religieux ont perduré dans le temps.
En 2013, la cour d’appel de Kuala Lumpur a jugé que les non-musulmans n’avaient pas le droit d’utiliser le mot « Allah » à propos de Dieu, infirmant une décision de 2009 autorisant le journal catholique Malaysia Herald à employer cette forme.
Le droit à utiliser le terme avait été suivi par une vague de violences contre des églises et autres lieux de culte. En 2015, à Petaling Jaya, une cinquantaine de résidents du quartier, des musulmans modérés, ont contraint une église chrétienne protestante à enlever la croix de sa façade, qui avait été installée deux jours avant.
Espoirs d’unité
Tout n’est pas toujours allé à l’encontre des chrétiens. En mars 2016, un jugement a permis à un homme converti à l’islam par ses parents à l’âge de 10 ans de renoncer à sa foi pour être reconnu chrétien sans passer par un tribunal islamique. Une décision encourageante pour les chrétiens de Malaisie, car elle validait le principe constitutionnel de la liberté religieuse malmené ces dernières années.
Le pays se compose de 13 États et de trois territoires fédéraux. À la tête de la Fédération trône un roi élu tous les cinq ans. Chaque État a à sa tête un sultan. Les espoirs de changement sont grands, alors que les électeurs ont infligé en mai dernier une cuisante défaite à l’Organisation nationale de l’unité malaise (Umno), parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’ex-colonie britannique en 1957.
La population a choisi un nouveau gouvernement, avec à sa tête Mahathir Mohamad, ancien autocrate de 92 ans qui a promis de passer la main dans deux ans. Mué en progressiste, il a fait campagne sur la promesse d’en finir avec les divisions qui gangrènent le pays.
La Croix