Le couperet est tombé : la mosquée de Pessac sera fermée durant le mois du Ramadan. La préfecture de Gironde a acté, lundi 14 mars, la fermeture du lieu de culte musulman pour une durée de six mois pour « des prêches et des propos (qui) ont régulièrement incité à ne pas respecter les lois de la République, justifié les attentats et valorisé la mort en martyr », a annoncé la préfète de Gironde Fabienne Buccio par voie de communiqué de presse.
Le Rassemblement des musulmans de Pessac (RMP), gestionnaire de la mosquée, est aussi accusée de promouvoir un « islam radical » et une « idéologie salafiste », de diffuser « des publications haineuses à l’encontre d’Israël », d’inciter « au repli identitaire » et de condamner « les musulmans qui ne partagent pas leur vision rigoriste de l’islam ».
Une décision mal vécue avant le Ramadan
L’avocat de la mosquée, Me Sefen Guez Guez, a dénoncé cette décision prise au terme de la procédure contradictoire engagée le 24 février dernier. Dans un communiqué signé de la direction de la mosquée mardi 15 mars, il souligne « le décalage entre les accusations de la préfecture, comme la promotion du terrorisme, et la situation judiciaire » dans la mesure où il n’y a « aucune enquête ouverte par le parquet, aucune garde à vue, et aucune audition d’aucun membre de la mosquée ».
Par ailleurs, le RMP « a retiré l’ensemble des posts publiés sur les réseaux et montrés du doigt par la préfecture sans même débattre sur le fond », « a changé l’animateur de sa page Facebook, et a désigné un modérateur pour suivre les publications ». Néanmoins, « on voit que cela ne suffit pas », déplore l’avocat. A moins d’un mois du début du Ramadan, cette fermeture est vécue par les dirigeants du lieu de culte « comme une punition pour des mots qui ont été tenus par des tiers (des internautes anonymes) tenus il y a longtemps et retirés depuis ».
Située dans le quartier des Echoppes, la mosquée était déjà dans le viseur de la préfecture suite à l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty en 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne. Une perquisition avait alors eu lieu au sein de la mosquée où avaient été saisis des documents et un ordinateur. « L’atteinte aux libertés publiques, et notamment vis-à-vis des musulmans n’a jamais été aussi prégnante qu’aujourd’hui », avait dénoncé l’avocat d’alors de la mosquée, Me Samim Bolaky.
Les contrevenants à cette mesure de fermeture s’exposent à 7 500 euros d’amende, indique la préfecture. Me Sefen Guez Guez a annoncé le dépôt d’un recours devant le tribunal administratif de Bordeaux pour contester la décision préfectorale. La mosquée de Pessac appelle ses fidèles et les musulmans de France à « un élan de solidarité et de mobilisation » en sa faveur « pour défendre ses droits devant la justice ».