«Hack my Church» : le projet geek qui investit une église de Lyon

Page d'acceuil du site internet de l'événement    Tout le week-end, un «Hackaton» investit la paroisse Sainte-Blandine à Lyon. Réservée habituellement aux geeks, l’initiative dénote. L’objectif ? Faire entrer l’Église dans l’ère du numérique.

C’est une première. Pour la Pentecôte, la lumière du Saint-Esprit pourrait bien venir illuminer l’église Sainte-Blandine de Lyon. Car pendant trois jours, un «Hackathon» va s’y dérouler. Inutile d’ouvrir un dictionnaire, on ne peut en trouver la définition que sur internet. Il s’agit du diminutif de «marathon» et de «hack», verbe d’action consistant à manipuler un système informatique. Le terme à la consonance barbare est déjà connu des geeks, ces passionnés du numérique. Une culture qui investit cette fois, chose surprenante, une paroisse du IIème arrondissement de Lyon.

À l’initiative de cet évènement inédit, Yves-Armel Martin, directeur du centre d’innovations numériques Erasme et catholique pratiquant. Passionné et volubile, il confie au Figaro son impatience: «Ce sera un moment de rencontre et un laboratoire d’innovations». L’objectif: «Imaginer l’Église à l’ère numérique». En somme, donner un coup de jeune à une institution considérée comme vieillissante.

Des participants aux profils inattendus

Le défi commence dès le mois de mars dernier via l’association «Hack my Church» qui lance un appel à candidatures au travers des réseaux sociaux. Parmi des centaines de candidats, quatre-vingt sont sélectionnés. «Nous cherchions des profils complémentaires et différents» explique Yves-Armel Martin. Des profils qu’il définit en cinq catégories: des développeurs informatiques, des bricoleurs, des artistes, des communicants et des experts en humanités connaissant la Bible ou engagés dans l’action caritative ou humanitaire. Catholiques, protestants ou athées, de 15 à 60 ans, hommes et femmes, la sélection est riche et l’ouverture internationale: «Certains viennent même de Macao ou du Québec» se réjouit Yves-Armel Martin.

Dès samedi matin, ce vivier d’innovateurs se réunira pour définir sept groupes autour de grands thèmes comme celui du rapport à l’intériorité ou du «Voir l’invisible». «Voir l’invisible, c’est décrypter les symboles cachés de la culture chrétienne» précise Yves-Armel Martin, «comme comprendre l’orientation d’une Église ou expliquer la symbolique de l’eau dans le baptême». Pendant trois journées, sans interruption, il faudra tomber les codes et imaginer même le plus farfelu: «Pourquoi pas un chapelet connecté?» ose l’initiateur de l’évènement.

Un projet qui coûte cher

Les participants, qui devront dévoiler leur projet au public à partir de 16 heures lundi soir, auront à leur disposition des outils à la pointe de la technologie numérique: «Des imprimantes 3D ou des découpeuses vinyles pour la création d’objets connectés». Des joujoux électroniques parfois prêtés, parfois achetés et qui coûtent chers. Sans compter la restauration sur place des participants au projet.

Au total, 17.000 euros, financés en grande partie par la Fondation Saint-Irénée où siège Monseigneur Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Sur le site internet du projet, le cardinal français se réjouit: «Je ne suis pas sûr de bien savoir ce que signifie le verbe «hack» mais j’aime mon Église et je me réjouis de voir que plusieurs de ses enfants ont à cœur de la voir se renouveler, s’enrichir, s’adapter aux réalités de notre temps».

Un enthousiasme partagé par Xavier Babeanu, sélectionné pour participer à l’aventure: «Je suis très excité à l’idée de créer, d’innover avec de nouvelles personnes». Le jeune ingénieur de 25 ans diplômé des Arts et Métiers est catholique pratiquant, et habitué aux projets associatifs. En vue du week-end à venir, il a même suivi une formation: «Je serai un bricoleur, donc j’ai voulu apprendre à utiliser une imprimante 3D». Créer quelque chose, imprimer, surprendre, échanger et partager. Voilà «la démarche d’ouverture» soutenue par Yves-Armel Martin. Une ouverture qui pourrait bien permettre à l’Église de se connecter à son époque, celle du numérique.

 

Le Figaro.fr

F. Achouri

Sociologue.

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