Le projet avait donné lieu à une vive résistance de la communauté chrétienne palestinienne locale qui déplore une « confiscation de ses terres ».
Israël a commencé à ériger son mur de séparation avec la Cisjordanie occupée dans un secteur où le projet a donné lieu à une farouche résistance de la communauté chrétienne palestinienne locale, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse jeudi. Après des mois de travaux préparatoires, des grues disposaient jeudi des blocs de béton de huit mètres de haut dans le secteur majoritairement chrétien de Beit Jala et de la vallée de Crémisan, non loin de la ville de Bethléem.
Nicola Khamis, maire de Beit Jala, a condamné ce qu’elle considère comme une appropriation de terres par Israël. « Ces terres sont à nos familles, à nos enfants », a-t-elle dit au téléphone à l’Agence France-Presse près des lieux de la construction. Contestée par les Palestiniens sur tout son parcours, la construction du mur a rencontré une résistance particulière autour de Beit Jala. La communauté chrétienne avait réussi à mobiliser le pape en sa faveur. Elle avait manifesté à maintes reprises et saisi la justice israélienne.
Vive protestation
L’affaire avait suscité d’autant plus d’attention que le mur devait passer entre un monastère et un couvent de l’ordre salésien. Les habitants protestent contre la confiscation de leurs terres et la fragmentation de leur vie. Les Palestiniens voient aussi dans le tracé du mur le moyen pour Israël d’étendre encore les colonies adjacentes de Gilo et Har Gilo, illégales aux yeux de la communauté internationale.
Les Palestiniens avaient remporté une victoire provisoire en avril 2015 quand la Cour suprême israélienne avait bloqué le passage du mur et demandé à l’État de considérer d’autres tracés. Mais, trois mois plus tard, elle avait autorisé la construction, avec seulement quelques restrictions. « Sans cette terre, tous les chrétiens vont quitter le pays », a dit la maire de Beit Jala. Beit Jala voudrait s’étendre, mais cela sera désormais « impossible », a-t-elle dit. Elle a exprimé l’espoir que la mobilisation allait se poursuivre, mais a reconnu que les recours légaux étaient épuisés.
De nouvelles frontières ?
Interrogée, l’armée israélienne a renvoyé au ministère de la Défense, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’Agence France-Presse. La construction du mur dans le secteur est « cohérente avec la politique d’apartheid du gouvernement israélien en Cisjordanie », a dit Xavier Abou Eid, un porte-parole de l’Organisation de libération de la Palestine.
Israël a commencé en 2002, en pleine intifada, à construire cette barrière censée le protéger des attaques venues de Cisjordanie. Achevée aux deux tiers, elle doit atteindre, à terme, environ 700 kilomètres. Elle est l’une des matérialisations les plus frappantes du conflit et, pour les Palestiniens, l’un des symboles les plus honnis de l’occupation. Non seulement elle empoisonne la vie des Palestiniens, mais elle est accusée d’établir de fait de nouvelles frontières : son tracé se trouve à 85 % en Cisjordanie, isolant 9,4 % du territoire palestinien, selon l’ONU. La Cour internationale de justice a jugé le 9 juillet 2004 illégale la construction du mur et exigé son démantèlement, de même que l’Assemblée générale de l’ONU.
AFP