Alors que tout le monde se demande, depuis le 7 octobre, où est passé Hassan Nasrallah et pourquoi il garde le silence, le secrétaire général du Hezbollah a choisi de répondre à sa façon. A trois reprises, en deux jours.
L’« apparition » du leader chiite s’est faite graduellement. D’abord, à travers l’entretien téléphonique « sécurisé » qu’il a eu avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, avec lequel il a discuté des récents développements au Liban et dans la région.
Ensuite, à travers la lettre ouverte qu’il a rédigée à la main et dans laquelle il donnait ses directives aux organes médiatiques du Hezbollah. Dans cette missive, il appelle à décrire les combattants de sa formation tués depuis de début de l’offensive Déluge al-Aqsa comme des « martyrs sur le chemin de Jérusalem ». Un titre donné par Hassan Nasrallah à Imad Moghniyé, l’homme fort du Hezbollah côté opérationnel, après son assassinat à Damas en 2008 dans un attentat imputé à Israël. Comprendre : le Déluge d’al-Aqsa est l’une des batailles sur le chemin de la libération de Jérusalem, et non l’ultime bataille. D’ailleurs, selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour, les responsables du Hezbollah et ses organes médiatiques ont également été enjoints de ne plus parler de « lignes rouges » au-delà desquelles le parti rejoindrait officiellement la guerre contre Israël. Rappelons que durant les premiers jours de l’offensive, le Hezbollah – à travers ses cadres mais aussi le chef de la diplomatie iranienne – avait menacé d’ouvrir un nouveau front contre Israël dans ces trois cas de figure : une offensive terrestre massive dans la bande de Gaza et un déplacement de sa population ; le risque d’une annihilation du Hamas ; une attaque contre l’Iran. Hassan Nasrallah veut donc avoir les coudées franches afin de ne pas être contraint de mener une guerre à un timing qu’il n’a pas lui-même défini, si Israël franchit une de ces « lignes rouges ». Selon nos informations, le parti de Dieu interviendrait si le Hamas est défait, voire détruit, militairement et dans le cas d’un véritable exode de la population de Gaza.
Enfin, Hassan Nasrallah est apparu sur une photo, aux côtés du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri et du chef du Jihad islamique Ziad al-Nakhala, lors d’une réunion à Beyrouth annoncée mercredi par le Hezbollah lui-même qui n’en a toutefois pas précisé la date. Selon le communiqué du parti, les trois hommes ont évoqué « ce que les parties de l’axe de la résistance doivent faire en cette étape critique pour permettre la victoire (..) à Gaza et en Palestine ». Comprendre : les autres fronts resteront en arrière plan. La guerre est à Gaza, et le restera. Sauf si…
L’Orient Le Jour