La dissolution de l’IESH de Château-Chinon annoncée par le gouvernement

L’IESH de Château-Chinon, dans la Nièvre, ne fera plus de rentrée. Menacé de dissolution depuis des mois, ce centre réputé de formation théologique, dans le viseur des autorités dans leur lutte contre « l’entrisme islamiste », était fermé tout l’été et continuera de garder portes closes. 

« La lutte contre l’entrisme de la mouvance frériste se poursuit. Aujourd’hui, l’Institut Européen des Sciences Humaines a été dissous en Conseil des ministres à ma demande », a fait savoir, mercredi 3 septembre sur X, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, accusant l’établissement de prôner « un islam radical » et de légitimer « le djihad armé ». Il a remercié au passage « les services de l’État qui, au quotidien, mènent ce combat vital pour ne pas laisser les Frères musulmans dérouler leur agenda islamiste ».

Cette décision du gouvernement, saluée dans les rangs de la droite et de l’extrême droite, est vécue comme une injustice pour les dirigeants, personnels et étudiants de l’IESH, celui-ci s’étant toujours défendu de toute sympathie envers le terrorisme et se présentant même comme « un rempart intellectuel et pédagogique contre les lectures déviantes des textes religieux » qui font le lit de la violence. 

La fédération Musulmans de France (MF), à laquelle est liée l’IESH, ne s’est pas exprimée pour l’heure, mais elle ne manquera pas de condamner la dissolution d’une structure incarnant à ses yeux « un islam apaisé, authentique, et pleinement respectueux des principes de la République ».

Mise à jour :« L’idée qui se dessine aujourd’hui est préoccupante : au lieu d’encourager le contrôle, le dialogue et l’amélioration des institutions, ce sont les structures anciennes de plus de trente ans qui sont progressivement démantelées, toutes un jour accusées « d’islam radical ». Ces dissolutions successives envoient un message clair et inquiétant aux fidèles musulmans : il n’y aurait pas de place pour I’islam dans la République », s’est indigné MF dans un communiqué. 

Avant d’ajouter : « Qualifier une telle institution d’outil de radicalisation constitue une grave dérive. Cette décision porte atteinte à la liberté d’enseignement et à la liberté religieuse, garanties par la Constitution et les conventions internationales. Elle envoie également un signal négatif à des milliers de familles musulmanes attachées à la transmission d’une foi éclairée et pacifique. »

Saphirnews

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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