La réouverture des synagogues en Algérie dénoncée par des salafistes

Le ministre algérien des Affaires religieuses a déclaré le 1er juillet que l’Algérie était disposée à rouvrir les synagogues, fermées dans les années 1990 pour des raisons de sécurité. Le pays compte une petite communauté juive, principalement présente dans la capitale.

« Il y a une communauté juive dans notre pays bien acceptée dans nos quartiers. Elle a le droit d’exister. Son représentant, qui est un patriote, est en contact permanent avec le ministère », a affirmé Mohamed Aïssa, lors d’un forum organisé par le quotidien algérien Liberté. Toutefois, « l’État, pour des raisons de sécurité, n’envisage pas de les rouvrir dans l’immédiat », a-t-il précisé, car « il faut d’abord sécuriser un lieu de culte avant de le livrer aux fidèles ».

Une annonce réaffirmée par le ministre lundi 7 juillet, alors qu’il était en visite à Oran. « Les lieux de culte pour les juifs rouvriront leurs portes », a indiqué Mohamed Aïssa, soulignant que « le fait de rouvrir des espaces de prière pour les juifs est une preuve patente que l’Algérie n’est pas contre eux ». « Notre pays accepte l’autre et est riche de part ses différentes langues et cultures », a-t-il encore ajouté, notant tout de même que ces pratiquants doivent se soumettre à la loi de 2006, qui régit la pratique du culte.

Cette déclaration officielle du ministre des Affaires religieuses est saluée par les défenseurs de la liberté religieuse. Quelques voix s’élèvent cependant contre la réouverture des synagogues. Le chef de file du Front de la Sahwa (éveil) salafiste libre, Abdelfattah Hamadache Zeraoui, dénonce dans cette annonce une « provocation contre les musulmans en plein mois de Ramadan ».
 

Une communauté juive historique

C’est un « coup qui fait mal au cœur des Algériens car c’est un appel officiel aux juifs et aux chrétiens pour diffuser leur croyance et à faire du prosélytisme de manière réglementaire et légale », a-t-il déploré dans un communiqué, estimant que l’ouverture ou la construction de lieux de cultes non islamiques « signifie la constitution de minorités en Algérie et la création de noyaux non islamiques en Algérie ».

Selon le leader du Front de la Sahwa salafiste libre, cité par le journal Echourouk, « l’appel à a réouverture des synagogues et à la construction d’églises est rejetée car le peuple algérien est musulman et l’islam est religion d’État ».
Le groupe radical oublie que la liberté religieuse est garantie en islam. La présence juive en Algérie est attestée depuis au moins le IIe siècle. A la fin de la guerre d’Algérie, la communauté juive – estimée à 160 000 personnes – a entamé un exode massif, vers la France principalement. Une nouvelle vague de départs s’est produit pendant la guerre civile des années 1990, la décennie noire, les juifs étant souvent la cible de discours haineux des intégristes. En 2010, le Département d’État américain estimait à 2 000 les membres de la communauté juive, résidant principalement à Alger.

 

Saphirnews

F. Achouri

Sociologue.

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