Deux projets de loi controversés ont été adoptés par le gouvernement centriste de la province francophone. Une politique opposée à celle portée par Trudeau.
Week-end chargé pour les parlementaires québécois. L’Assemblée nationale de la province francophone a adopté, dimanche, deux projets de loi controversés soutenus par le nouveau gouvernement centriste : l’un prévoit l’interdiction des signes religieux pour certains fonctionnaires, l’autre engage une refonte du système d’immigration. Après une journée de débats parfois acrimonieux, les députés ont adopté un texte sur la laïcité de l’État qui prévoit d’interdire le port de symboles religieux à plusieurs catégories de fonctionnaires en position d’autorité, dont les policiers, les juges, les avocats, les gardiens de prison et les enseignants. La nouvelle loi ne s’appliquera qu’aux nouvelles recrues, les fonctionnaires en poste bénéficiant d’un droit acquis.
Les élus québécois ont débattu tout le week-end dans le cadre d’une procédure parlementaire spéciale permettant de limiter le temps consacré au débat d’un projet de loi. La session parlementaire se terminait cette semaine et le gouvernement Legault voulait faire adopter ses deux projets-phares en procédure d’urgence, ce qui a provoqué la colère de l’opposition. Dimanche vers 4 heures (8 heures GMT), après une première séance-marathon de 19 heures, les élus avaient approuvé un projet de loi sur l’immigration, qui entraînera notamment l’abandon de 18 000 dossiers de candidature en attente de traitement.
Projet « inhumain »
Le texte prévoit une réforme du processus de sélection des candidats, qui sera désormais basée sur l’adéquation des compétences professionnelles avec les besoins de main-d’œuvre du Québec. Cette loi va entraîner l’annulation de 18 000 dossiers de candidature, qui touchent au total quelque 50 000 personnes. Ces dossiers avaient été déposés sous l’ancien système, basé sur le principe du premier arrivé premier servi. Ces candidats à l’immigration vont devoir déposer une nouvelle demande dans le cadre du nouveau système. Le gouvernement provincial a promis que les délais de traitement des dossiers pour les travailleurs qualifiés passeraient de 36 à 6 mois grâce à cette réforme.
L’opposition a dénoncé jusqu’au bout un projet de loi « inhumain », fustigeant l’« incapacité » du gouvernement à justifier l’abandon de ces 18 000 dossiers en souffrance. Le parti de François Legault a été porté au pouvoir en octobre avec la promesse de réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants et de réfugiés que le Québec accueille chaque année. « En prendre moins, mais en prendre soin », avait-il répété.
AFP