Le CRIF bloque la lutte contre l’islamophobie

Après la résolution contre l’islamophobie proposée par six sénateurs belges, la levée de boucliers ne s’est pas faite attendre. Le CRIF envoie de nouveau le message : l’institution fera barrage à toute initiative qui luttera contre l’islamophobie. Richard Prasquier ne souhaite pas mélanger « les poires et les pommes» pour expliquer qu’il ne considère pas voir l’islamophobie être prise en compte par les institutions nationales et européennes au même titre que l’antisémitisme.

En réaction à l’initiative des parlementaires belges de prendre une résolution visant à considérer l’islamophobie comme l’expression d’un rejet des citoyens musulmans, le Centre communautaire laïc juif (CCLJ) a estimé que cela était « inacceptable ». Selon l’organisation, il s’agirait d’une décision « étrange et inquiétante » qui représenterait un recul des droits les plus fondamentaux. Ce qui est davantage étrange c’est que les pays européens ne s’en soient pas saisis plus tôt au regard de l’explosion des actes de violences de ces dernières années qui visent les musulmans européens.

Le plus inquiétant est le déni qui continue à caractériser la posture d’organisations qui se rendent complices de l’islamophobie galopante. En soutenant cette idée, l’organisation de Richard Prasquier refuse de voir dans le combat contre l’islamophobie, un combat pour l’égalité de tous. Refuserait-il, pour ses concitoyens musulmans, ce qu’il défend ardemment pour ses coreligionnaires ? Cette conception de l’égalité n’est clairement pas la nôtre. Nous considérons ce principe comme universel et intangible .

Par cette déclaration, le CRIF se retrouve en totale contradiction avec au moins une des missions qu’il s’est fixées : celle de combattre toutes les formes de racisme, d’intolérance et d’exclusion. Est-ce sa logique communautariste qui l’empêche de voir la réalité de ce que vivent ses compatriotes ? A ce titre, Richard Prasquier aurait dû faire un petit détour au Tribunal de Bobigny, jeudi 18 avril, pour constater que lorsque l’universalité d’un principe est déniée à d’autres humains, on peut se retrouver dans la situation de Monsieur Benady, responsable dans une société d’édition, portant « barbe et kippa » (AFP), qui assume totalement avoir enfreint la loi en refusant les « maghrébins » sous prétexte que ceux-ci représenteraient un « risque ». Ce même prévenu indique assumer « clairement pratiquer la discrimination à l’embauche », en appliquant aux maghrébins le « principe de précaution comme (d’autres l’appliquent) aux OGM ». Mais au CRIF, on ne veut pas voir cela. On persiste dans la stratégie de négation de la réalité inquiétante de l’islamophobie, notamment en adoptant la technique de délégitimation du concept même d’islamophobie en avançant l’argument grossier selon lequel il aurait été forgé par « la théocratie iranienne et des extrémistes musulmans ».

Le CCIF dénonce et condamne sans détour et avec la plus grande vigueur ces postures à géométrie variable et appelle, sans tarder, à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire contre l’islamophobie pour enrayer la dynamique islamophobe et mener la lutte sans distinction contre toutes les formes de haine.

Le CCIF

 

Source : Oumma

 

 

 

F. Achouri

Sociologue.

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