Il en va de l’accusation de conspirationnisme, comme de celle de l’antisémitisme, elle fuse dès que des révélations très dérangeantes éclatent au grand jour ou que des mythes sont brisés, démasquant les bons et les méchants dans un monde manichéen qui fabrique les peurs mais aussi les « Barbe-Bleue »… Deux accusations qui servent de paravent à toutes les dérives possibles et inimaginables.
S’il est aisé de taxer de complotisme tous les empêcheurs de tourner en rond et les lanceurs d’alerte à la Edward Snowden, il sera en revanche plus difficile de discréditer le rapport de l’ONG Human Rights Watch, publié lundi 21 juillet, qui dévoile les sombres machinations du FBI que l’on savait prêt à tout en matière de lutte anti-terroriste, jusqu’à inciter par tous les moyens des musulmans américains, parfaitement ciblés, souvent particulièrement vulnérables et impressionnables, voire même atteints de déficiences intellectuelles, à se glisser dans la peau de dangereux terroristes.
Le FBI a « encouragé, poussé et parfois même payé » des citoyens américains de confession musulmane pour qu’ils en arrivent à commettre des attentats, au cours d’opérations de filature montées de toutes pièces, telle est la conclusion fracassante qui ressort de l’enquête fouillée réalisée par Human Rights Watch.
Dans les 500 affaires de terrorisme conduites par les tribunaux américains depuis le 11 septembre 2001, on ne compte plus les cas où « le ministère américain de la justice et le FBI ont ciblé des musulmans américains dans des opérations clandestines de contre-terrorisme abusives, fondées sur l’appartenance religieuse et ethnique », épingle ce rapport, riche de nombreux exemples qui étayent ses assertions, après s’être penché sur 27 affaires et interrogé 215 personnes, à la fois des inculpés et des condamnés, mais aussi leurs proches, des avocats, des juges et des procureurs.
« Dans certains cas, le FBI pourrait avoir créé des terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste », dénonce l’ONG, en précisant que la moitié des condamnations résultent de coups montés ou de traquenards, au cours desquels, l’agent infiltré a joué un rôle actif dans la tentative d’attentat dans 30 % des cas. L’étude met notamment en lumière le cas édifiant des « quatre de Newburgh », accusés d’avoir planifié des attentats contre des synagogues et une base militaire américaine, alors que le gouvernement avait, selon un juge, « fourni l’idée du crime, les moyens, et dégagé la voie », transformant en « terroristes » des hommes « dont la bouffonnerie était shakespearienne ».
L’affaire tout aussi accablante de Rezwan Ferdaus, ce jeune homme de 27 ans, souffrant de troubles mentaux selon les propres aveux d’un agent du FBI, qui a écopé d’une peine de dix-sept ans de prison pour avoir voulu attaquer le Pentagone et le Congrès avec des mini-drones bourrés d’explosifs, achève de jeter le discrédit sur le service de renseignement intérieur des États-Unis et ses méthodes peu recommandables. Là encore, le plan machiavélique avait été ourdi par le policier infiltré, le FBI ayant assuré le financement du voyage et de l’armement du terroriste en herbe.
Avec de telles agences de l’Intelligence Service pour concevoir et mettre à exécution de tels stratagèmes dans les eaux troubles du contre-espionnage, Hollywood n’a plus besoin de scénaristes débordant d’imagination ou à l’esprit torturé, car la réalité a supplanté la fiction…
Oumma.com