Le port des jupes longues n’est plus problématique à l’école bruxelloise De Mot-Couvreur

   A l’interpellation des conseillères communales Ecolo Fatima Moussaoui et Zoubida Jellab au conseil communal de la Ville de Bruxelles, l’échevine de l’Instruction publique Faouzia Hariche a assuré lundi soir que les jeunes filles victimes d’exclusion à l’école De Mot-Couvreur pour port de jupe longue peuvent à présent suivre les cours normalement. L’échevine estime qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’exclusion, étant donné que les 10 jeunes filles concernées ont uniquement été envoyées chez elles se changer. Elle a confirmé que le nouveau directeur de l’établissement a émis un avis précisant l’article 6 du règlement. Celui-ci stipule que le port de jupes longues foncées ou de tuniques sur les pantalons est interdit. Il s’agit d’une erreur d’appréciation qui a été corrigée selon l’échevine.

Elle rappelle toutefois que les cas litigieux sont laissés à l’appréciation de la direction. Trois engagements ont été pris lundi à l’issue d’une réunion entre la direction et les jeunes filles, à savoir une sensibilisation au risque de manipulation en lien avec la mobilisation du PTB, la nécessité d’apporter une attention à la déconstruction des préjugés et l’organisation d’un concours d’élégance de jupes et de robes dont elles seraient les principales organisatrices. Les mesures de discipline ont été annulées.

Zoubida Jellab a critiqué le manque de fermeté de la réponse de l’échevine et relève notamment que la considération de cette interdiction comme une « erreur d’appréciation » élude le problème de l’acceptation des différentes identités culturelles.

« Comme le voile est interdit pratiquement partout dans les écoles, on a trouvé un nouveau moyen de stigmatiser les jeunes filles musulmanes. Leur refuser l’entrée en classe n’est pas une manière d’améliorer le vivre ensemble », estime Zoubida Jellab. Zoubida Jellab note également que des plaintes ont été formulées à l’athénée Léon Lepage en rapport avec le port de jupe longue.

Mustapha Chairi, président du Collectif contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB), explique avoir été alerté dès janvier d’une nouvelle intolérance au port de la jupe longue dans les écoles, d’abord par le biais de remontrances. Il parle aujourd’hui de plaintes dans deux autres écoles de la Région bruxelloise sans les citer. Il précise que l’une est du réseau officiel et l’autre issue de l’enseignement catholique. Il estime que les propos de l’échevine par rapport à la perception de la jupe longue en tant que signe ostentatoire religieux relèvent plus d’une vision française de la laïcité que de la neutralité belge: « On passe à quelque chose de nouveau dans une hystérie liée aux secousses de Charlie Hebdo ».

 

La Libre.be

F. Achouri

Sociologue.

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