L’actrice-réalisatrice Ronit Elkabetz filme à huis clos le procès de Viviane Ansalem qui tente d’obtenir le divorce devant un tribunal rabbinique.
En Israël, le mariage civil n’existe pas, il est régi par le droit religieux : selon cette loi, si la femme veut divorcer en bonne et due forme, elle doit obtenir l’accord du mari. Elle reste, sinon, une « mamzer », une bâtarde, mise au ban de la société, qui ne peut pas refonder de foyer.
Partant de ce constat, l’actrice-réalisatrice Ronit Elkabetz, qui suit, depuis trois films, le personnage de Viviane Amsalem, a imaginé le procès devant les rabbins intenté par une femme pour obtenir le divorce d’un mari dont elle est séparée. Tout le film se déroule dans la même petite salle où femme et mari, accompagnés de leurs avocats et parfois de témoins, sont confrontés aux juges rabbiniques. Dispositif radical utilisé par Elkabetz pour rendre compte du temps qui passe, de l’enfermement d’une femme coincée. De mois en mois, de séance en séance, l’épouse se voit niée dans sa parole, son identité, son apparence, sa volonté. Puisqu’elle quitte le foyer, elle met en danger l’ordre établi, débattu par les multiples témoins des deux parties qui accusent, défendent, louvoient, font preuve de mauvaise foi ou d’accents imprévus d’humanité.
Comme dans Une séparation de l’Iranien Farhadi, toute une société défile, tragi-comique, avec ses points de vue contradictoires qui se retrouvent dans une mise en scène d’une grande intelligence où le regard, et le point de vue aussi, change tour à tour. Seul subsiste le mur de silence, entre mari et femme, et le déni de justice d’un tribunal rabbinique qui évoque parfois un tribunal kafkaïen.
Le Point