L’association des petites villes de France tient ses Assises jeudi 18 et vendredi 19 juin à Paimpol.
Elle a réalisé une enquête auprès des élus qui montre que sur le terrain, les problèmes liés au port de signes religieux ou aux menus scolaires sont marginaux. Mais les maires semblent toutefois se tenir à distance des cultes.
En dépit de certaines situations de tensions souvent très médiatisées, les maires vivent une laïcité apaisée. L’association des petites villes de France, qui fédère des municipalités de 3 000 à 20 000 habitants (1 100 adhérents) et tient ses Assises à partir du 18 juin, vient de réaliser une enquête auprès de ses membres qui confirme cette sérénité.
Plats de substitution à la cantine
Cent quatre vingt élus ont répondu à une série de questions mises en ligne du 16 février au 13 avril (c’est-à-dire après les attentats de janvier) portant sur les relations avec les cultes et le vivre ensemble.
Concernant la petite enfance, il apparaît qu’une forte majorité de communes (70 %) proposent à la cantine scolaire des ajustements ou menus alternatifs lorsque la consommation de certains aliments est prohibée par une pratique confessionnelle.
Une position différente de celle adoptée par Nicolas Sarkozy, qui s’est récemment prononcé contre les repas de substitution au porc, et par le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret (Les Républicains), en charge d’un groupe de travail sur la laïcité pour l’Association des maires de France (AMF), qui a annoncé leur suppression dans sa ville à la rentrée prochaine.
Au sein même de la droite, ces positions avaient soulevé des critiques, beaucoup d’élus (Alain Juppé, Christian Estrosi…) mettant en avant une approche pragmatique qui n’exclut personne. Les élus de petite ville semblent partager cet état d’esprit. Seuls 36 % d’entre eux affirment servir un menu unique et cette proportion tombe même à 33 % quand on leur demande ce qu’ils comptent faire à l’avenir.
Intolérance pour le port des signes religieux
Onze pour cent des élus disent avoir déjà été saisis de problèmes sur le port de signe religieux dans l’enceinte scolaire, les centres de loisirs ou les crèches. Sur ce sujet, ils manifestent toutefois une certaine intransigeance. En effet, 82 % assurent ne tolérer « le port de signes religieux par les enfants » dans aucun de ces lieux, alors que la loi de 2004 ne prohibe que les signes ostensibles au sein de l’école.
Seuls 4 % des maires disent avoir constaté le port de signe religieux par des agents municipaux et, dans une même proportion, avoir été confrontés à des demandes d’adaptation d’emploi du temps pour des motifs religieux.
6 % des mairies auraient leur crèche de Noël
Concernant les bâtiments, seules 13 % des municipalités ont mis à disposition des locaux pour l’exercice d’un culte et 8 % l’on fait sans contrepartie financière (ce qu’en principe interdit la loi). Un élu sur cinq dit participer financièrement à l’entretien d’un lieu de culte et à peu près autant reconnaît l’existence de carrés confessionnels dans leur cimetière.
On notera que 6 % des interviewés – ce qui n’est pas négligeable – disent avoir installé une crèche de Noël dans l’enceinte de la mairie, révélant l’attachement à une tradition autant culturelle que religieuse.
Enfin, les élus manifestent une certaine prudence dans les relations avec les responsables ou les communautés croyantes. À une nette majorité (66 %), ils disent ne pas participer à des événements organisés à l’occasion de fêtes religieuses. Dix pour cent ont créé une instance de dialogue sur la laïcité et le vivre ensemble, 9 % ont un adjoint en charge de cette question.
L’entretien des lieux de culte
Au final, il ressort de l’enquête que la laïcité se vit au quotidien de manière apaisée. Un récent sondage auprès des maires avait déjà montré que si l’entretien des lieux de culte représente une charge lourde, les élus déclarent à 82 % que celle-ci est bien acceptée par les administrés.
Ces résultats confortent l’analyse de l’Observatoire national de la laïcité. Son président Jean-Louis Bianco affirme que la laïcité ne soulève pas trop de problèmes au quotidien. Il s’attire ce faisant les critiques de ceux qui lui reprochent de sous-estimer le poids des revendications des communautés religieuses, de l’islam en particulier.
Le groupe de travail de l’AMF doit rendre à la fin du mois un rapport qui fait le tour de toutes ces questions : cantines, lieux de culte, sépultures… Autant que les préconisations techniques, c’est son diagnostic même sur l’état du climat social qui retiendra l’attention.
La Croix