Éducation. Une circulaire de 2012 les prive de sorties scolaires au nom de la laïcité. Un collectif de mères de banlieue a demandé hier son retrait au ministre. D’autant que sur le terrain, c’est le plus grand flou.
Pancarte à la main, foulard bleu-blanc-rouge sur la tête, une trentaine de mamans voilées ont manifesté hier après-midi à proximité du ministère de l’Éducation nationale, à Paris, pour dénoncer l’interdiction qui leur est faite d’accompagner les sorties scolaires. Au nom de l’égalité républicaine, elles réclament l’abrogation de la circulaire Chatel du 27 mars 2012 qui demande aux parents accompagnant les sorties scolaires « de ne pas manifester, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques, ou philosophiques ».
Elles ont lancé leur appel du 18 juin intitulé « Oui à la laïcité, non à la discrimination », un texte signé par une vingtaine de personnalités dont plusieurs élus (Front de gauche) de Seine-Saint-Denis comme Clémentine Autain. « J’ai quatre garçons, témoigne Leïla, 46 ans. Mon aîné a 22 ans. J’étais déjà voilée et j’ai fait toutes les sorties avec lui et ses deux frères. Mais aujourd’hui, je n’ai plus le droit d’aller avec mon dernier de 8 ans, scolarisé au Blanc-Mesnil. »
Une décision qui revient au directeur de l’établissement
Jocelyne, une autre maman, note, amère : « Nous avons le droit de nous présenter aux élections de parents, de siéger dans les conseils d’école, de faire des gâteaux pour la kermesse mais pas d’accompagner nos enfants en sortie ! » D’après les textes, c’est au directeur de l’établissement que revient le choix des accompagnants. L’application de la loi diffère donc selon les établissements. Et si dans la plupart des écoles, ces mères sont acceptées sans problème, certains directeurs ont préféré annuler des sorties plutôt que d’accepter une accompagnante voilée.
« Dans l’école de Montreuil où mon fils était scolarisé, je n’avais pas le droit d’aller avec lui en sortie, raconte Anissa, 35 ans. Depuis notre déménagement, il va dans une autre école à peine cent mètres plus loin et je peux l’accompagner ! C’est bien la preuve qu’il faut donner des directives claires. » Hier, le ministère n’a pas souhaité commenter cette nouvelle manifestation.
Le 12 mai sur BFMTV, le ministre, Benoît Hamon, avait déclaré que les chefs d’établissement devaient « faire preuve de discernement » et régler cette question au cas par cas. Un flou qui fait écho à l’avis rendu en décembre par le Conseil d’État. Sollicités par le Défenseur des droits, ses membres avaient estimé que les mamans ne pouvaient être considérées comme des auxiliaires de service public et n’avaient donc pas l’obligation de neutralité religieuse lors des sorties scolaires… mais que l’école pouvait, par contre, refuser leur présence !
Le Parisien