Liberté religieuse, le rapport du Département d’État américain

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) au sein du Département d’État américain, a publié son rapport annuel 2016. La Birmanie, la Chine, l’Érythrée, l’Iran, la Corée du Nord, l’Arabie saoudite, le Soudan, mais aussi le Turkménistan et l’Ouzbékistan font partie des pays qui répriment le plus les croyants.

« De diverses manières, la liberté religieuse à l’étranger a subi des assauts sérieux et soutenus depuis la publication du dernier rapport annuel de notre commission en 2015. De la situation des prisonniers d’opinion, à l’augmentation spectaculaire du nombre de réfugiés et de personnes déplacées, en passant par la poursuite des actes de fanatisme contre les juifs et les musulmans en Europe ou d’autres violations, les victimes ne manquent pas. »

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a publié lundi 2 mai son rapport annuel 2016. Cette 17e édition – depuis la création de la Commission en 1998 – documente les violations de la liberté religieuse dans plus de 30 pays, fait des recommandations spécifiques à chacun, et évalue la mise en œuvre par le gouvernement américain de la loi de 1998 sur la liberté religieuse dans le monde.

Pays particulièrement préoccupants

Cette année, l’USCIRF propose au Département d’État américain de maintenir neuf pays dans la liste noire des pays « particulièrement préoccupants » où la répression est la plus forte : Birmanie, Chine, Érythrée, Iran, Corée du Nord, Arabie saoudite, Soudan, Turkménistan et Ouzbékistan.

Mais cet organe consultatif du gouvernement fédéral américain suggère d’y ajouter huit autres pays : la République centrafricaine, l’Égypte, l’Irak, le Nigeria, le Pakistan, la Syrie, le Tadjikistan et le Vietnam.

Une autre liste de dix pays pratiquant ou tolérant des violations d’un niveau moindre est également proposée, parmi lesquels l’Afghanistan, Cuba, l’Inde, l’Indonésie, la Russie ou la Turquie.

Enfin, le rapport note des violations de la liberté religieuse dans d’autres pays ou grandes régions, dont « la Corne de l’Afrique » et l’« Europe de l’Ouest ». Grâce aux progrès accomplis, Chypre et le Sri Lanka quittent en revanche cette catégorie cette année.

Personnes emprisonnées

Dès l’introduction, le rapport relate une longue liste d’atteintes à la liberté religieuse en Chine (arrestation de pasteurs, campagne de destruction de croix…), en Érythrée « où 1 200 à 3 000 personnes sont emprisonnées pour des motifs religieux », en Corée du Nord « où la liberté religieuse est inexistante », mais aussi en Arabie saoudite qui « interdit tout culte public non-musulman et continue de poursuivre et d’emprisonner des individus pour la dissidence, l’apostasie, le blasphème ou la sorcellerie ».

Outre le « nombre important de personnes emprisonnées sur la base de la religion », l’USCIRF s’alarme aussi de « la crise des réfugiés » et voit la religion comme « un facteur dans les crises humanitaires mondiales ».

Le rapport cite notamment les Rohingyas musulmans « contraints de fuir leurs foyers en Birmanie » mais aussi les Yézidis, chrétiens, musulmans chiites et sunnites musulmans « qui ne souscrivent pas à l’interprétation barbare de l’islam du groupe terroriste Daech » en Irak ou en Syrie.

Haine et violence contre les musulmans et les juifs en Europe

Cet afflux massif de migrants « a alimenté une marée déjà haute de haine et de violence ciblant les musulmans et les juifs, en particulier en Europe occidentale », indique le rapport au terme de cette introduction. Les actes « anti-musulmans » – allant du « harcèlement verbal au vandalisme ou à des agressions violentes » – ont augmenté dans plusieurs pays d’Europe occidentale, s’inquiète l’USCIRF, pointant la responsabilité des « partis xénophobes nationalistes » et les groupes « notamment néonazis ».

Les juifs ont été de plus en plus ciblés eux aussi, par ces groupes « ainsi que par des extrémistes islamistes qui cherchent leurs recrues parmi les membres mécontents des communautés musulmanes » : attentats de Paris de janvier 2015, attaque contre le musée juif à Bruxelles en 2014, contre une synagogue à Copenhague… Des attaques terroristes qui produisent à leur tour « des contrecoups contre les musulmans » eux-mêmes, « accusés collectivement » de cette violence.

Une action continue et efficace

Pour l’USCIRF, toutes ces violations « appellent une action continue de la part de la communauté internationale, y compris des États-Unis ».

« Pour être efficace, une telle action doit reconnaître le fait indéniable que la liberté religieuse est un point commun à chacun de ces défis, et mérite d’être traitée lorsque les nations discutent d’humanitaire, de sécurité ou d’autres questions urgentes », conclut le rapport, qui invite les États-Unis et les autres pays à accorder à ce droit « le respect qu’il mérite ».

 

La Croix

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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