Le Vatican collabore avec la justice italienne dans la lutte contre la fraude
Mgr Nunzio Scarano, comptable italien à l’Apsa, l’organisme qui gère le patrimoine du Vatican, a été arrêté le 28 juin, avec un ex-agent des services secrets italiens et un intermédiaire financier. Ils sont visés par une enquête du parquet de Salerne pour fraude et blanchiment d’argent.
Que reproche-t-on à Mgr Scarano ?
Né il y a 61 ans à Salerne, au sud de l’Italie, et d’origine modeste, le prélat (à qui cette dignité a été reconnue à titre honorifique) était responsable de la comptabilité analytique à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa). Avant d’entrer tardivement dans les ordres, il avait été banquier. La justice italienne lui reproche d’avoir retiré de son compte à l’IOR, la « banque du Vatican », 560 000 € en liquide, puis d’avoir recyclé cette somme sur des comptes bancaires italiens à l’aide de 56 chèques de 10 000 € remis à des comparses en échange des sommes reçues en liquide. Selon les déclarations de son avocat, le compte à l’IOR avait été alimenté par des dons de bienfaiteurs désireux de fonder une maison de soins palliatifs. Celle-ci n’a pas vu le jour, mais Mgr Scarano a acquis des biens immobiliers à Salerne. Par ailleurs, il est reproché au prélat d’avoir agi comme intermédiaire pour le compte de ses co-inculpés en vue du rapatriement en Italie de 20 millions d’euros en espèces depuis la Suisse.
Quelle est l’attitude du Vatican ?
À plusieurs reprises, le pape François, personnellement informé de ce dossier, a clairement expliqué qu’il ne tolérerait aucune corruption au Vatican, affirmant qu’il voulait une « Église pauvre pour les pauvres », et que « saint Pierre n’avait pas de compte en banque ». Le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de Presse, a précisé que Mgr Scarano avait été suspendu de ses fonctions il y a un mois « dès que ses supérieurs ont su qu’il était l’objet d’une enquête », que l’Autorité d’Information Financière du Vatican (AIF) suivait le dossier, et que le Saint-Siège « confirmait sa disponibilité pour une pleine collaboration » avec la justice.
Deux jours avant l’arrestation du prélat italien, le pape François a créé une commission d’enquête sur l’IOR. Dotée de pouvoirs très large, elle est appelée à lui rendre compte personnellement. L’un de ses cinq membres, le cardinal français Jean-Louis Tauran, également membre du conseil de surveillance de l’IOR, a déclaré le 28 juin, au quotidien italien « La Repubblica » : « Par-dessus tout, la clarté est un bien universel qui doit être mis en œuvre à tous les niveaux, pas seulement à l’IOR. » L’AIF a indiqué que six transactions suspectes (sur 19 000 comptes) avaient été signalées à l’IOR en 2012.
Source : La Croix