Mohamed Talbi : « l’islam est né laïc »

L'islamologue tunisien Mohamed Talbi.À 93 ans, le doyen de la pensée critique musulmane s’est livré à « Jeune Afrique » dans une grande interview où il dévoile la face avant-gardiste de l’islam et dénonce le jeu de tous ceux qui veulent l’instrumentaliser à des fins politiques.

Saisissante, avant-gardiste… L’interview de l’islamologue tunisien Mohamed Talbi est un moment fort du prochain numéro de Jeune Afrique (N° 2793, du 20 au 27 juillet). L’auteur de « Ma religion, c’est la liberté » (Nirvana, 2011) n’en démord pas : le Coran est porteur de modernité et de rationalité, mais son message a été gravement altéré par les hadiths et la charia.

En éternel ennemi du wahhabisme et du fondamentalisme, il dénonce l’intention des islamistes d’instaurer des dictatures théocratiques. « Le malheur des musulmans a commencé à partir du moment où ils ont élaboré une loi islamique au profit de despotes désireux avant tout de commander et de pouvoir tuer légalement. La charia n’est rien d’autre que cela », assène-t-il.

L’islam est né laïc. « Nulle contrainte en matière de religion. Le Coran est le seul livre sacré qui dise cette phrase, si claire, si laïque », poursuit-il. Chacun pratique la religion qu’il veut. L’État n’a pas à s’immiscer dans les affaires religieuses. Il a une seule fonction: créer une atmosphère de paix pour tous.

À propos du terroriste qui invoque des convictions musulmanes, Talbi estime qu’il n’agit que par agressivité et que toute agressivité est à condamner. « Il ne s’agit même pas de religion. Aucun Dieu ne dit de porter atteinte à la vie de l’autre. En l’occurrence, il s’agit simplement de défendre le droit à la vie. Ceux qui prétendent que l’islam est violent se trompent », dit-il.

Apostasie, laïcité, polygamie…d’autres questions sensibles ont été tirées au clair, arguments à l’appui, dans cette grande interview à lire absolument.

Jeune Afrique

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques ( Loi de 1905) et aux organisations privées.

Articles recommandés