L’égalité des chances perd du terrain en France
Selon un sondage LH2 réalisé pour le MEDEF sur la perception de l’égalité des chances en entreprise, le climat d’égalité des chances serait en « forte baisse » par rapport à 2012. La diversité religieuse en particulier reste perçue comme une difficulté d’après Fatima Achouri, qui vient de publier l’ouvrage Le salarié musulman en France et Pete Stone, fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité.
Comme en 2012, le Medef a commandé à l’institut de sondage LH2 un sondage sur le baromètre de l’égalité des chances en entreprise. Et contexte de crise oblige, les résultats sont étonnants voire inquiétants. Ils montrent en effet une réelle «crispation de la société française sur les différences entre individus». En clair, pour les salariés les chantiers sur lesquels les entreprises doivent «lutter prioritairement pour permettre plus d’égalité» sont avant tout l’âge (43% des sondés), le genre (37%) et le handicap ( 32%), loin devant les convictions religieuses (9%), le fait d’avoir un accent prononcé (7%) ou les opinions politiques (5%). Par ailleurs, les moqueries liées aux stéréotypes de genre et aux convictions religieuses ont tendance à se développer dans l’entreprise. Elles sont en augmentation par rapport à 2012 avec un indice de 30% pour les convictions religieuses (contre 26% en 2012).
«Les entreprises ne jouent pas le jeu»
Toutefois, toujours d’après ce sondage, la diversité serait mieux acceptée cette année par rapport à 2012. Les sondés estimeraient ainsi à 87% (contre 85% en 2012) qu’une femme pourrait occuper un poste à haute responsabilité. Seulement, pour Fatima Achouri, consultante en management qui vient de publier chez Michalon un ouvrage intitulé Le salarié musulman en France, même si «aujourd’hui plus de 3500 groupes sont titulaires du label diversité», les «entreprises ne jouent pas le jeu» et il existe «une certaine hypocrisie» en la matière. Pour Pete Stone, fondateur de Just different, un cabinet qui accompagne les entreprises dans leur politique de diversité, «le type de candidat qui est le plus souvent recherché quand on parle de diversité, c’est une personne handicapée». Viennent ensuite «les femmes et enfin l’origine». On ne parlera cependant pas d’origine ethnique, «on a toujours peur du mot». On lui préférera les expressions du type «originaire des quartiers» ou des «quartiers populaires».
La diversité religieuse vécue comme une contrainte
Fatima Achouri a rencontré plusieurs managers et recruteurs pour la rédaction de son ouvrage, et pour elle le constat est clair : «l’égalité des chances n’a pas intégré le critère religieux», estime-t-elle. «La plupart des recruteurs n’intègrent pas le critère religieux dans le concept d’égalité des chances», confirme Pete Stone, pour qui «les entreprises devront travailler de plus en plus sur le sujet de la dimension religieuse de la diversité pour faire en sorte que les managers et les recruteurs sachent de quoi ils parlent». En effet, l’appréciation finale est le plus souvent laissée à l’appréciation des managers et recruteurs «et ceux-ci ont peu de connaissance s’agissant des religions et de leurs pratiques». A l’avenir, le défi de tout recruteur sera celui d’aller au delà de ses stéréotypes et préjugés, pour «évaluer les individus comme des individus, et non pas comme des représentants de catégories». Car la diversité est davantage vécue par les recruteurs comme une contrainte et une obligation, et non pas comme une opportunité pour l’entreprise.
Zaman France