Noël en Orient entre peurs et espérance

Comme leurs frères orthodoxes et orientaux, les coptes-orthodoxes – qui représentent la grande majorité de la communauté copte en Égypte – célébraient Noël mardi 7 janvier. L’occasion de nombreuses célébrations et de festivités familiales… sous haute surveillance.

La confrérie des Frères musulmans accuse en effet les chrétiens de « complicité » dans le renversement de l’ancien président, Mohammed Morsi. Après de nombreuses et sanglantes attaques contre leurs églises et leurs habitations cet été, puis le meurtre, fin octobre, de quatre fidèles qui sortaient d’une église du Caire, les chrétiens étaient donc particulièrement anxieux à l’approche de Noël.

Fait inédit, le président égyptien par intérim, Adly Mansour, a rendu visite dimanche 5 janvier au pape Tawadros dans la cathédrale Saint-Marc, au Caire. Une manière, selon son porte-parole, d’exprimer la « considération qu’a l’État égyptien pour ses citoyens chrétiens ».

C’est dans ce contexte que le P. Jean-Jacques Pérennès, dominicain, directeur de l’Institut dominicain d’études orientales au Caire, est allé apporter ses vœux au patriarche copte-orthodoxe. Témoignage.

« Ce mardi 7 janvier, jour de Noël pour les chrétiens orthodoxes en Orient, le pape Tawadros II, patriarche d’Alexandrie des coptes-orthodoxes recevait les vœux de la communauté chrétienne d’Égypte et de ses amis musulmans. Un impressionnant service de sécurité était déployé autour de la cathédrale Saint-Marc d’Abbassiah au Caire, où le pape a célébré cette nuit la messe de Noël. Depuis plusieurs jours, beaucoup de chrétiens craignaient que des incidents viennent à nouveau endeuiller une communauté encore sous le choc des violences subies en août après la destitution du régime des Frères musulmans. Grâce à Dieu, le pire a été évité.

Au sortir de la cathédrale, trois femmes musulmanes voilées viennent saluer notre délégation de frères dominicains venus féliciter le pape. Nous sommes facilement reconnaissables à notre habit religieux : « Tous nos vœux. Nous nous réjouissons avec vous. Sachez que nous désapprouvons le mal que certains font aux chrétiens. Nous, Égyptiens, sommes un seul peuple ». Nous sommes touchés de ce geste chaleureux et très spontané, dans une rue d’un quartier populaire du Caire.

Deux heures plus tard, nous recevons le patriarche grec-catholique melkite Grégoire III, qui partage avec nous les épreuves de sa communauté chrétienne et de son pays, la Syrie : des morts par milliers, des églises incendiées par dizaines, des réfugiés qui ne cessent d’affluer par centaines de milliers, et des chrétiens qui tiennent bon, véritables témoins de la foi. Son témoignage est bouleversant.

Trois moments d’une journée de Noël au Caire. Noël, fête du Prince de la Paix, vécu ici entre peurs et espérance. La paix est fragile mais elle possible. Elle est à construire ».

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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