Au moins quatre chrétiens et un musulman ont trouvé la mort dans des affrontements confessionnels armés dans le gouvernorat de Qalyoubia, au nord du Caire, a-t-on appris samedi 6 avril auprès des services de sécurité.
Les heurts ont éclaté après une remarque d’un musulman à un groupe d’enfants qui dessinaient une swastika sur un institut religieux. L’homme a ensuite insulté les chrétiens et la croix, puis s’est disputé avec un passant chrétien, avant que l’affaire ne dégénère en échange de tirs d’armes automatiques entre musulmans et chrétiens, selon les services de sécurité.
Des musulmans en colère ont ensuite encerclé l’église Saint-Georges voisine, protégée par les forces de sécurité, avant que les deux camps ne mettent le feu à des pneus dans les ruelles du quartier surpeuplé. Selon Suryal Younane, un prêtre cité par l’agence égyptienne Mena, des agresseurs ont incendié « une partie » d’une église anglicane. Des musulmans ont aussi incendié le logement d’une famille copte et pillé une pharmacie appartenant à un Copte, selon une source policière.
Les Coptes chrétiens représentent entre 6 et 10 % des 83 millions d’Egyptiens, et des affrontements surviennent régulièrement entre Coptes et musulmans. Depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011, ces heurts ont tué une cinquantaine de chrétiens et plusieurs musulmans.
HEURTS ENTRE LA POLICE ET DES MANIFESTANTS HOSTILES À MORS
Des heurts ont également éclaté samedi entre policiers et manifestants dans plusieurs villes du pays après des rassemblements d’un mouvement d’opposition hostile au président islamiste Mohamed Morsi.
Dans le centre du Caire, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des centaines de manifestants devant le siège de la haute Cour qui abrite également les bureaux du procureur général. Des images en direct à la télévision ont montré des manifestants lançant des pierres contre les policiers à bord de véhicules blindés, au milieu de pneus en feu sur la route principale menant au tribunal. La police a tiré des salves de gaz lacrymogènes.
Les rassemblements ont eu lieu à l’occasion du 5e anniversaire du Mouvement du 6 avril, lancé après la répression meurtrière menée par la police contre des grévistes le 6 avril 2008 à Mahalla. Ces violences avaient marqué une escalade dans le mouvement de protestation contre M. Moubarak, qui commençait alors à prendre forme et qui a abouti à la révolte ayant provoqué la chute du président en février 2011.
Salués après la chute de M. Moubarak, les jeunes du Mouvement du 6 avril se sont ensuite opposés au pouvoir militaire de transition et à l’élection de l’islamiste Morsi en juin 2012. Le groupe a désormais rejoint une coalition de mouvements laïcs ayant parfois organisé des manifestations violentes contre M. Morsi, qu’il accuse d’imiter les pratiques de M. Moubarak.
Source : Le Monde.fr