La crise du syndicalisme est liée aux mutations du salariat mais également à l’intégration croissante des syndicats, en tant que « partenaires sociaux », aux différentes réformes menées par les gouvernements et qui toutes visent à soumettre les salariés à la loi du profit et donc à l’exploitation. Un syndicalisme de lutte reste nécessaire et c’est en défendant des positions combatives que les syndicats convaincront les travailleurs de l’importance et de l’utilité de se syndiquer.
Avec 8 %, la France enregistre le pourcentage de syndiqués dans sa population active le plus faible de l’OCDE. Ce taux est nettement inférieur dans le privé. Pourquoi un taux aussi bas ? Pourquoi les salarié-e-s musulmans ne se syndiquent pas ? Pourquoi est-il si important de s’engager ? Nous allons tenter de répondre à cette question.
Un champ d’expression délaissée
L’action militante est la base du syndicalisme, chaque musulman par définition est enclin à être un militant de la justice pour tous et de la défense des plus faibles qui sont abusés moralement, socialement, psychologiquement ou physiquement et d’éradiquer l’injustice et l’oppression par tous les moyens nécessaires. Le syndicalisme est le mouvement qui vise à unifier les travailleurs pour défendre leurs intérêts communs : hausse des salaires, meilleures conditions de travail, lutte contre le licenciement, respect de la dignité humaine…
La seule forme et tentative de syndicalisme représentée dans l’espace politico-social de sensibilité islamique est l’EMF (Etudiants Musulmans de France). En dehors de cela, il n’y pas d’organisation syndicale avec une éthique musulmane forte qui soit en mesure de se faire entendre dans une société en perpétuelle mutation où les enjeux et les orientations sont étroitement liés aux forces présentes et structurées.
De l’importance des syndicats musulmans
Avec l’augmentation de la présence des musulmans, nous sommes en mesure d’accompagner et de provoquer une adaptation du discours et des pratiques syndicales en référence à nos convictions de droit universel que l’islam est censé nous avoir inculqués. En toute logique, il y a de nouvelles demandes d’ordre culturel dans l’entreprise, le temps où l’islam ne se pratiquait que dans les caves est en phase d’être révolu.
Aujourd’hui, nous devons créer un ou des syndicats musulmans qui pourront traduire le fruit de mutations progressives dans le monde du travail français. Il faut être en mesure de réfléchir et de proposer une synthèse entre : islam privé des syndicalistes de culture musulmane, islam mobilisateur des leaders syndicalo-religieux et islam tranquille de la plupart des travailleurs, plusieurs secteurs comme le bâtiment ou l’industrie automobile peuvent être propices à créer les premiers syndicats de sensibilité musulmane.
Construire un nouveau langage
Aujourd’hui, malheureusement, la pensée islamique contemporaine est très ignorante ou absente du débat des questions du travail. Un voyage dans les pays du Golfe suffit pour voir les carences en matière de droit des ouvriers et de leur autorisation à se mobiliser pour dénoncer les injustices inacceptables.
La diabolisation du mouvement syndical dans nos pays d’origines a laissé le champ libre aux laïcistes qui se sont approprié ces fonctions. Jusqu’à présent, le modèle syndical dominant est celui qui a été importé de l’Occident dans les pays majoritairement musulmans, en oubliant la nécessité de l’adapter à la société musulmane; or comment représenter véritablement les ouvriers en négligeant leur caractéristique la plus importante, ce qui fait leur fierté c’est-à-dire l’islam. Le syndicalisme se fonde en réalité sur des valeurs que l’islam encourage telles que : les valeurs de solidarité, de partage, de défense des faibles, etc.
Promouvoir l’anticapitalisme et la solidarité
Le syndicalisme d’inspiration musulmane permettra de voir une nouvelle lutte contre le capitalisme car son refus de l’usure et de la spéculation et de par son absence de clergé qui permettrait de le discipliner, mais aussi par son refus du culte des idoles, il ne peut convenir à une société de spéculation, de la surconsommation, de convoitise, de consumérisme et d’injustices.
Il s’oppose à la fois à l’exploitation capitaliste, au matérialisme. Il prend la défense des travailleurs, en se fondant sur l’idéal de justice de l’islam, dans un esprit d’entraide et de valorisation du travail. De ce point de vue, il a valeur universelle.
Une invitation au syndicalisme
A défaut de voir ce syndicalisme voir le jour, j’invite tous musulmans à se syndiquer et porter la voix de l’islam dans son syndicat et de nous regrouper dans une intersyndicale. Afin de porter un syndicalisme uni autour d’un « front de classes » construit sur la solidarité entre le peuple français victime du capitalisme, des enfants de la colonisation et de la traite héritiers des malheurs de leurs parents et de leurs ancêtres (et toujours objets du racisme) et divers peuples du Tiers-monde en lutte contre l’Empire et son allié sioniste.
Un syndicalisme pour l’égalité, contre l’exclusion, le racisme, l’islamophobie, la negrophobie et la romophobie. Un syndicalisme du bout de la rue jusqu’au bout du monde, notre mission est la même qu’au temps du Prophète (PBSL), nous nous efforcerons d’éradiquer l’injustice et l’oppression par tous les moyens nécessaires.
Saphirnews