À la suite de déclarations de responsables musulmans, invoquant, après les attentats contre Charlie Hebdo, le manque de moyens des aumôniers de prison musulmans, les aumôniers catholiques précisent leurs conditions d’exercice de leurs fonctions.
« Les aumôniers catholiques sont 632 (environ 150 prêtres, 50 diacres, 50 religieux et religieuses, 380 laïcs. Un tiers sont des femmes. Un tiers environ sont rémunérés de 20 à 100 % d’une indemnité qui n’est pas un salaire (comme pour tous les aumôniers de toutes les religions). La grande majorité est bénévole ».
Dans un document commun, daté du 16 janvier et intitulé « À propos de la lutte contre le radicalisme islamique en prison », l’Aumônerie catholique des prisons de la Conférence des évêques de France, tient à apporter « quelques précisions » après des déclarations et des articles comparant le nombre des aumôniers catholiques et musulmans, rapporté au nombre des détenus de chaque religion.
Accompagnement spirituel
Mardi 27 janvier, déjà, c’est l’aumônier national des prisons de la Fédération protestante de France, Brice Deymié, qui avait estimé dans un communiqué, que cette attente de la solution miracle (NDLR : le recrutement d’aumôniers de prison pour résoudre la montée en puissance des radicaux musulmans) « méritait quelques remarques ».
Les aumôniers de prison catholiques « visitent sans a priori et sans condition toute personne qui demande à les rencontrer. Ils assurent un accompagnement spirituel pour ceux qui le souhaitent », rappelle le texte. « Par leur présence et leur disponibilité ils jouent un rôle de recours, apportent un réconfort humain et moral, une proximité, sont attentifs aux détresses les plus grandes ». Appelés à rencontrer toute personne qui les demande, ils « s’engagent à respecter les convictions et les consciences, et s’abstiennent de tout prosélytisme ».
Large flou
Au-delà, l’aumônerie catholique tente d’éclairer le débat autour de la nécessité de recruter davantage d’aumôniers musulmans. « En prison, la demande religieuse est importante. C’est un lieu où la question de sens est présente, où la vacuité est importante, où la détresse intérieure est fréquente et prégnante. L’appartenance à une confession n’est généralement pas si évidente et un large flou existe sur cette question », souligne-t-elle.
Les aumôniers catholiques souhaitent également insister sur le nécessaire maintien de rapports cordiaux entre les aumôneries, et même la solidarité entre elles. « L’aumônerie catholique a toujours souhaité vivre en bonne entente avec toutes les aumôneries qui l’ont successivement rejointe. Elle a particulièrement été active pour le développement de l’aumônerie musulmane », indique-t-elle, en rappelant que « des initiatives communes peuvent être prises par des aumôneries de différents cultes ».
Mettre les religions en opposition
Au final, et dans la suite des attentats de Paris et Montrouge, « l’actualité et la pression pesant sur la prison » font courir plusieurs risques, rappelle ce service de l’épiscopat français : « faire l’impasse d’un contexte historique et lié aux conceptions de chaque religion pour expliquer des différences d’investissement ; mettre les religions en opposition ou en concurrence (nombre d’aumôniers, de pratiquants, moyens matériels…) ; laisser entendre des différences de traitement par les services pénitentiaires ; cloisonner le religieux, chacun étant réduit à s’occuper de ses propres pratiquants à l’exclusion des autres, alors que l’appartenance religieuse est floue ».
« En réalité toutes les aumôneries ont des difficultés à être respectées dans leurs missions, notamment pour l’organisation du culte (jours et horaires, matériel, locaux…) », assure l’aumônerie catholique, qui tient à réaffirmer que « dans le cadre d’une lutte contre tous les extrémistes, la présence d’une diversité religieuse, dans une ambiance de respect et de reconnaissance, apporte un élément de solution sûrement très profitable à l’isolement et à la culture identitaire ».
La Croix