Cette enquête a été réalisée par téléphone auprès d’un panel représentatif de 1000 personnes majeures dans chaque pays.
L’Islam dans la société
Les personnes sondées sont quasi unanimes à considérer que l’islam est important ou très important dans leurs vies (de 74.4 % en Tunisie à 97.1 % en Libye).
Lorsqu’on leur demande s’ils se sentent d’abord citoyens de leur pays, ou plutôt musulman ou arabe, tous les sondés répondent qu’ils se sentent prioritairement musulmans (Libye 63.2 %, Algérie 58.5 %, Égypte 55.3 %, Maroc 52.8 %), sauf en Tunisie où l’appartenance nationale prime pour 53.2 % des personnes interrogées. Cependant, en termes d’opposition et de préférence, l’identité religieuse l’emporte toujours, même en Tunisie.
Pratiquer la religion est également important. Ils sont ainsi plus de 90 % à penser qu’il est « très important » ou « plutôt important » de prier cinq fois par jour, ainsi que de faire le jeûne du ramadan. La Tunisie reste le pays le moins pratiquant.
Des différences significatives se marquent lorsque l’on aborde les signes religieux ostentatoires. Ainsi, en Algérie, ils sont 94.5 % à soutenir le port du voile, contre 60.1 % en Tunisie. La différence se marque aussi pour le port de la burqa. Il est approuvé par 44 % des Libyens et seulement 4 % des Tunisiens.
Une séparation de la politique et de la religion
La majorité des personnes sondées est pour une séparation de la politique et de la religion. La Tunisie étant à 72.8 % favorable et le Maroc à 54.8 %. Concernant la charia, de grandes divergences se marquent également. En Tunisie, seuls 23.4 % des sondés sont « pour que la charia soit l’unique source d’inspiration pour écrire les lois », tandis que 69.5 % sont contre. À l’inverse en Libye, 78.7 % sont pour et seulement 18.8 % sont contre.
Trois quarts des Tunisiens désapprouvent l’intervention des imams dans la vie politique, alors qu’ils ne sont que 37.2 % dans ce cas au Maroc. L’impact de l’islam sur la vie politique est très contrasté selon le pays concerné. Au Maroc, 61.7 % pensent que l’impact est positif. En Tunisie, seulement 17.1 % pensent la même chose.
Attentats et Islam
Les personnes sondées désapprouvent majoritairement les attentats terroristes prétendant être perpétrés suite à une insulte à l’islam (comme ça été le cas lors de l’attaque de Charlie Hebdo, par exemple). Entre 80,1 % et 68.7 %, des sondés désapprouvent totalement ces agissements.
Extrémisme religieux et Daesh
Lorsque l’on demande ce que signifie « extrémisme religieux », les réponses les plus courantes sont « une mauvaise interprétation de la religion », « une calomnie contre l’Islam » et « une organisation terroriste ». Pour les sondés, les principales causes de ce phénomène sont : la mauvaise interprétation de l’Islam, le chômage/la pauvreté, l’inconscience, l’ignorance et l’argent. L’occident est désigné comme principal « responsable » de l’extrémisme religieux.
Le niveau d’inquiétude de l’extrémisme religieux n’est pas le même dans les cinq pays. Ainsi, il inquiète 79.6 % des Tunisiens, 64.8 % des Libyens, 40.1 % des Égyptiens, 36.1 % des Algériens et seulement 25.9 % des Marocains.
Lorsque l’on évoque Daesh, les mots qui viennent à l’esprit des sondés sont : « terrorisme », « barbarie » et « meurtre et massacre ». Les cinq pays ont une image négative de Daesh : 96.1 % en Tunisie, 92.4 % en Libye, 92.3 % au Maroc, 90.6 % en Algérie et 89.5 % en Égypte. Les résultats sont du même ordre lorsque l’on demande s’ils approuvent les agissements du groupe terroriste.
Les sondés estiment également que ce sont les États-Unis qui sont responsables de la prolifération de Daesh. Viennent ensuite Israël, le Quatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite. Financièrement, ce seraient également ces mêmes pays qui soutiendraient l’organisation terroriste, selon les sondés.
Les mosquées et Internet sont considérés comme les principaux lieux de radicalisations. Le chômage/ la pauvreté, l’inconscience et l’argent sont les principales raisons qui poussent les jeunes à la radicalisation.
Logiquement, parce que durement frappée par des attentats, la Tunisie est le pays qui considère le plus que Daesh a un impact négatif sur son économie. Les Tunisiens sont également les plus préoccupés par l’impact de Daesh sur la sécurité. Les Tunisiens et les Libyens sont aussi les plus inquiets face au danger que représente le groupe djihadiste.
Le Vif