Au lendemain du dîner annuel du CRIF[1] le 6 mai dernier, auquel tout le gratin politique français se pressait, et où l’on a pu voir le tout fraîchement nommé Premier ministre G. Attal, le gouvernement vient de commander un rapport à deux hauts fonctionnaires sur l’influence de l’islam politique et des Frères musulmans en France. Une mission qui sonne étrangement alors que nos dirigeants politiques contreviennent à leur devoir de neutralité en se faisant les obligés d’une organisation religieuse, bafouant les principes de laïcité de la loi de 1905.
Dans un contexte de morosité économique et sociale, il est légitime de s’interroger sur le bien-fondé d’un tel rapport, qui focalise sur une éventuelle influence de l’« islam politique » mais qui, surtout, intervient dans un contexte de polarisation entre juifs et musulmans suite à l’éclatement du conflit israélo-palestinien, le 7 octobre 2023, où l’État français a fait le choix de la barbarie et du génocide en soutenant le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu et, sur son sol, en réprimant par la violence et la criminalisation toutes les voix dissidentes.
N’est-ce pas grâce à des fonds publics que, depuis le début du conflit, Emmanuel Macron appuie logistiquement et militairement un État criminel responsable d’un nettoyage ethnique ? A quelle nécessité répond ce rapport si ce n’est de donner le sentiment d’agir mais en ne faisant que diversion là encore, en utilisant l’« islam politique » comme une variable d’ajustement bien commode d’un narratif politique qui a bien intégré le principe du « diviser pour mieux régner », de surcroît en pleine campagne pour les Européennes.
De quelle influence parle-t-on ?
Alors qu’un génocide est en cours depuis 8 mois, reconnu par la CPI, que son traitement médiatique est honteusement réduit et tronqué, le milieu médiatico-politique, lui, nous exhorte à longueur de journée à ne pas importer sur le territoire national le conflit israélo-palestinien et laisse impunément des agents de l’État sortir de la neutralité qui leur incombe et prendre fait et cause pour Israël. En effet, n’a-t-on pas vu la présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet afficher publiquement son soutien à Israël dès le lendemain du conflit ? Ou encore le maire de Nice C. Estrosi arborer le drapeau israélien aux côtés du drapeau français, sur le fronton de sa mairie et même sur son bureau, et rajouter qu’ « il ne le retirerait qu’en cas de victoire d’Israël » ? Rappelons que ce même maire avait pris, lors de la Coupe du monde 2014, un arrêté polémique pour interdire les drapeaux étrangers, surtout maghrébins. Et même si cet arrêté a rapidement été annulé par la justice administrative, cette situation a pour mérite de dévoiler les doubles standards dont semble s’accommoder de plus en plus la caste politique française.
De quelle influence parlions-nous ?
Cette fois, c’est au plus haut sommet de l’État que ça se passe. En effet, pour la première fois dans l’histoire de la République française, le président Macron a célébré le 7 décembre 2023 au sein même du palais de l’Élysée la Fête des Lumières juive de Hanoukka en présence notamment du grand rabbin de France, Haïm Korsia. Une célébration vivement critiquée dans les rangs politiques qui révèle qu’Emmanuel Macron a perdu toute crédibilité dans l’opinion en regard de la Loi de 1905, en niant ses principes légaux, tout en prenant parti d’un point de vue idéologique. Une fête qui, durant huit jours, s’est affichée également dans l’espace public, sur les monuments et places, où des groupes de fidèles investissaient les lieux avec des ménorahs géantes, tout en récitant des prières. Un État qui interdit des crèches de Noël dans les mairies mais laisse des ménorahs géantes dans l’espace public… De quels indices supplémentaires a-t-on besoin pour comprendre où est la véritable influence politique en France ? Pourquoi donc continuer à vouloir investiguer sur l’influence des musulmans et d’un islam dit politique ?
Combien également de musulmans sont-ils représentés dans les hautes sphères de l’État ou même à la tête des grands médias ? De toute évidence, le traitement médiatique de cet événement en France a systématiquement penché en faveur des uns tout en niant jusqu’à l’existence médiatique des autres, ne laissant place ni à la nuance ni à l’équité. Car depuis le 7 octobre 2023, la parole est quasi exclusivement donnée aux défenseurs d’Israël, qui font preuve d’une défense aveugle et sans discernement caractéristique de ces agents d’Israël que l’écrivain Jacob Cohen nomme « sayanim » . À la prolifération des propos haineux sur les chaînes d’info en continu, et alors que tout discours dissonant est quasiment absent des écrans, nous assistons à une criminalisation quasi-institutionnelle des soutiens à la Palestine, accusés systématiquement d’antisémitisme, que ce soit dans le rang des musulmans comme des non-musulmans. Un « totem antisémite » brandi pour faire taire toute contestation où mêmes les juifs opposés à la politique criminelle de Netanyahu sont taxés d’antisémites !
Il n’y a qu’à voir l’affaire Guillaume Meurice pour comprendre que l’expression si souvent invoquée, « liberté d’expression », ne veut (plus) rien dire puisque la plaisanterie de l’humoriste sur B. Netanyahu affublé de « nazi sans prépuce » lui a valu d’être accusé d’antisémitisme et même de détournement d’antenne afin de servir des intérêts personnels. Mais si le parquet de Nanterre a classé l’affaire sans suite, la direction de Radio France a jugé bon de passer outre, disqualifiant les décisions de justice, et a décidé de son élimination médiatique. Illustration là encore, d’une liberté d’expression à géométrie variable où, en France, un journal comme Charlie Hebdo peut insulter le Prophète de l’islam Mohammed et blesser ainsi des millions de musulmans, mais haro à propos du sanguinaire Netanyahu, responsable de la mort de plus de 40 000 civils palestiniens, dont plus de 15000 enfants. Plus inquiétant encore, des politiques et syndicalistes issus en partie des rangs de la France Insoumise ont été convoqués par la police, pour « apologie du terrorisme », des intimidations dignes d’une dictature. Bien avant cela, le lynchage médiatique de Jean-Luc Mélenchon qui avait très tôt dénoncé l’horreur en Palestine, devrait également nous interpeller sur la psychopathie ambiante. À ce rythme-là, la France, si prompte à donner des leçons de démocratie à tout-va, rejoindra bientôt les pays à la ligne dure sur la question de la liberté d’expression, à l’image de l’Arabie saoudite ou de la Corée du Nord.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le pays est en perte de souveraineté au profit des États-Unis et de l’Europe, sous l’influence de puissants lobbies économiques qui plongent un peu plus chaque jour les Français dans la précarité. La perte du pouvoir d’achat, le chômage endémique, l’insécurité grandissante mais aussi l’explosion des maladies mentales, pour ne citer que ces exemples, sont symptomatiques du délabrement civilisationnel de la France, dont l’islam politique et les Frères musulmans ne sont en rien comptables.
Tandis que la France ne cesse de se paupériser, voyant ses institutions se dégrader, ses dirigeants s’inquiètent de l’influence de l’islam politique en France et des Frères musulmans en même temps qu’ils entretiennent des relations économiques de longue date avec des pays musulmans d’obédience frériste… Le président Macron n’a-t-il pas reçu en grande pompe l’émir qatari Al Thani en février dernier à l’Élysée avec, à la clé, des contrats de plusieurs milliards d’euros d’ici 2030, sans compter les nombreux investissements qataris, dont celui du célèbre PSG et ses stars du foot.
Par conséquent, la duplicité de la classe dirigeante ne trompe plus personne, car nombreux sont les Français qui ont compris que ni l’islam ni l’islamisme ne sont responsables de l’anomie régnante. Des Français dirigés depuis trop longtemps par une classe politique incompétente et roublarde, qui n’œuvre certainement pas pour les intérêts de la France, vu la dégradation du pays à travers le monde. Des dirigeants politiques sous le joug de pouvoirs multiples dont celui de l’idéologie sioniste, jusqu’au plus haut sommet de l’État.
Conseil représentatif des institutions juives de France
« Le printemps des Sayanim » – Jacob Cohen – Éditions l’Harmattan- 2010.