Ses propos ne sont pas passés inaperçus, dans un pays qui héberge à la fois la deuxième communauté juive la plus importante du monde hors d’Israël, et la plus forte population musulmane d’Europe. Lundi soir, lors d’un dîner organisé par la communauté juive de France, Manuel Valls a assimilé antisémitisme et antisionisme. Il était censé s’en tenir à la lecture du discours que devait prononcer François Hollande, ce dernier s’étant fait excuser à la dernière minute. Mais le chef du gouvernement a digressé, et a estimé que l’antisionisme était « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ».
Jamais François Hollande n’aurait tenu de tels propos. Alors que la critique de la politique du gouvernement israélien (dans les colonies palestiniennes, singulièrement) est un des ciments de la gauche. Manuel Valls, lui, a toujours été plus tranché, sur le sujet. En janvier, déjà, il avait jugé que l’appel au boycott des produits israéliens issus des colonies participait d’un « climat nauséabond » : « On voit très bien comment on est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme. »
« Des discours alimentant les haines et les conflits »
Mardi, cet « amalgame antisionisme-antisémitisme » a été fustigé par les milieux antisionistes, qui y voient du « terrorisme intellectuel, visant à diaboliser toute voix critique » envers le gouvernement Netanyahou. Et la Ligue des droits de l’homme a traité l’orateur de « pyromane », qui « alimente l’idée selon laquelle soutenir les droits du peuple palestinien équivaut à délégitimer l’Etat d’Israël. La lutte contre l’antisémitisme exige des pouvoirs publics qu’ils s’abstiennent d’alimenter des discours mensongers, qui ne peuvent qu’alimenter haines et conflits. »
La Libre.be