Licenciée par la Ville de Huy pour son voile

 

Leila Afhim travaillait depuis 2006 au bureau d’études de la Ville de Huy comme dessinatrice. Musulmane, elle a décidé il y a un an de porter le voile au travail. En novembre 2015, la Ville de Huy a voté un règlement interdisant le port de tous signes religieux.

        S i je tiens à raconter mon histoire, introduit Leila Afhim d’une voix douce et posée, c’est parce que j’estime avoir été traitée de manière injuste par la Ville de Huy, mais aussi et surtout parce que je veux amener les gens à réfléchir et à agir de façon à ne pas avoir honte de leur appartenance. Chacun a le droit de s’afficher comme il le souhaite. S’il est chrétien, il a le droit de porter une croix et s’il est musulman un voile. Pourquoi devrait-on entrer dans un moule ? Être tous identiques ? »

Née à Andenne, Leila, 30 ans, travaille depuis 2006 pour le Ville de Huy est s’est installée dans la cité du Pontia il y a deux ans. De conviction islamique depuis son enfance, elle est membre de la confrérie Soufie Tariqa Karariya « dont l’objet est de parfaire son intérieur par la lumière Muhammadienne. »

En avril 2015, elle décide de porter le voile au travail « pour raisons personnelles » affirme-t-elle avant de détailler « dans notre religion, on nous demande de nous voiler. C’est une obligation religieuse que j’ai voulu respecter. »

Leila a décidé de couvrir ses cheveux en privé, mais aussi au travail. Dessinatrice pour le bureau d’études de la Ville, elle était régulièrement en contact avec le public afin de donner des renseignements sur divers plans. « Je n’ai jamais eu de remarque de la part du citoyen sur le fait que je porte un voile », affirme-t-elle.

En novembre 2015, le conseil communal de Huy a voté un règlement interdisant le port de tout signe religieux, philosophique ou politique lors des heures de travail (voir ci-dessous). « J’ai l’impression que le vote de ce règlement a été mis en place plus rapidement que prévu à cause de ma situation, même si mon cas n’a pourtant jamais été évoqué publiquement » glisse la Hutoise.

En janvier, Leila a reçu un premier avertissement du Collège lui demandant de respecter le règlement d’ordre intérieur. « J’ai été convoquée par le directeur général à qui j’ai expliqué pourquoi je refusais de retirer mon voile. Outre mes convictions religieuses, j’estime que les différences sont enrichissantes et mènent à l’amour. Vouloir les gommer favorise les préjugés au lieu de les effacer. Forcer une personne à enlever son voile est discriminatoire. Si un homme porte une barbe, on va lui dire de se raser parce que cela fait musulman ? Et s’il est bronzé ou noir on va lui dire qu’on ne peut pas l’engager aux services finances parce qu’il a le profil d’un voleur ? »

Quelques semaines plus tard, Leila a reçu un nouveau courrier de la Ville, l’informant qu’elle allait être licenciée si elle n’ôtait pas son voile. La jeune femme n’a pas obtempéré. En avril, elle a reçu son préavis pour « non-respect du règlement. »

« Je suis déçue du comportement de la Ville, mais la vie continue, je n’envisage pas de mener une action juridique car cela demande de l’énergie et de l’argent. J’ai d’autres projets » , affirme la jeune femme.

 

Le Soir

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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