F. Achouri La récente attaque au marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, suscite de vives interrogations sur la gestion des alertes de sécurité. L’Arabie saoudite a révélé avoir signalé à trois reprises la radicalisation de Taleb al-Abdulmohsen, un psychiatre saoudien vivant en Allemagne, aux autorités allemandes.
Taleb al-Abdulmohsen, âgé de 50 ans, est arrivé en Allemagne en 2006 en tant que réfugié politique. Originaire d’Arabie saoudite, il s’était détourné de l’islam dans les années 1990, ce qui lui avait valu des menaces dans son pays natal. Médecin et psychothérapeute de formation, il avait obtenu le statut de résident permanent en Allemagne en 2016.
Sur les réseaux sociaux, il se décrivait comme un athée militant et un critique radical de l’islam, qualifiant sa position de « la plus agressive de l’histoire ». Il s’était également engagé à aider d’autres anciens musulmans à fuir les persécutions et à obtenir l’asile dans des pays occidentaux.
Au fil des années, ses publications sur X sont devenues de plus en plus extrêmes. Il y accusait l’Allemagne de vouloir « islamiser l’Europe » et dénonçait une prétendue persécution des demandeurs d’asile saoudiens. Ses messages, souvent accompagnés d’images violentes et de menaces explicites, évoquaient des représailles imminentes. Quelques jours avant l’attaque, il avait partagé une vidéo deepfake d’Elon Musk critiquant la censure en Allemagne.
L’attaque de magdebourg
Le vendredi 20 décembre 2024, Taleb al-Abdulmohsen a utilisé une voiture de location pour foncer sur les visiteurs du marché de Noël de Magdebourg. Sur une distance de 400 mètres, il a percuté des dizaines de personnes, causant la mort d’au moins quatre personnes et blessant plus de 60 autres. L’assaillant a été immédiatement arrêté par la police sur les lieux.
Selon les premières investigations, Taleb al-Abdulmohsen aurait agi seul. Aucun explosif n’a été trouvé dans le véhicule utilisé pour l’attaque, bien que ses messages laissent supposer une préparation méthodique.
Les mises en garde de l’arabie saoudite
Selon un diplomate saoudien basé à Berlin, le royaume avait averti les autorités allemandes à trois reprises sur la radicalisation de Taleb al-Abdulmohsen. Ces mises en garde soulignaient son virage idéologique, marqué par une hostilité croissante envers l’Allemagne et ses politiques migratoires.
Malgré ces alertes, Taleb al-Abdulmohsen ne figurait pas parmi les individus surveillés par les services de renseignement allemands. Cette situation soulève des questions sur la coordination entre les services de sécurité internationaux et les protocoles d’évaluation des menaces.
Contrairement aux profils classiques de radicalisation islamiste, Taleb al-Abdulmohsen s’est éloigné de l’islam pour adopter des positions violemment anti-religieuses et hostiles à son pays d’accueil. Ce parcours singulier pourrait expliquer pourquoi il a échappé à la vigilance des autorités.
L’assaillant partageait régulièrement des contenus liés à des figures de l’extrême droite européenne, notamment Martin Sellner, un militant autrichien connu pour ses positions anti-immigration. Il semblait également proche de l’AfD, un parti politique allemand d’extrême droite.
Dans les heures suivant l’attaque, une perquisition a été menée dans la résidence de Taleb al-Abdulmohsen à Bernburg, une petite ville située à proximité de Magdebourg. Les autorités ont saisi des documents et du matériel électronique pour analyser ses préparatifs et ses éventuels contacts.
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