Egypte: les Frères musulmans déclarés «organisation terroriste»

Au premier rang des accusés dans la violence qui secoue l’Egypte depuis cet été, les Frères musulmans sont officiellement déclarés, mercredi, «organisation terroriste». Le coup de grâce est intervenu au lendemain d’un attentat ayant fait quinze morts contre le QG de la police, à Mansoura, dans le nord du pays.
Les Frères musulmans du destitué Mohamed Morsi ont été pointés du doigt immédiatement par les autorités. Eux ont aussitôt condamné l’attaque. Mais un peu plus tard, elle a été revendiquée par un groupe jihadiste basé dans le Sinaï et disant s’inspirer d’Al-Qaïda. L’opération est l’une des plus meurtrières menées contre les forces de l’ordre en Égypte depuis l’éviction du président islamiste.

Mais le coup est rude pour les autorités du Caire qui ne veulent plus entendre la voix des islamistes. Interdiction de manifester comme ils le faisaient jusqu’ici, quasi-quotidiennement, pour réclamer le retour de Morsi au pouvoir, arrestation de la plupart de ses leaders, la confrérie islamiste est maintenant considérée «hors la loi», par le égyptien sous la houlette de l’armée. Le vice-Premier ministre Hossam Eissa a annoncé que la confrérie, vieille de 85 ans, avait été déclarée «organisation terroriste» et que «toutes ses activités étaient désormais interdites».

Les Frères musulmans rejettent la décision du gouvernement

Mais la confrérie ne désarme pas. Mercredi soir, l’un de ses dirigeants a rétorqué que les Frères musulmans allaient poursuivre ses revendications. Qualifiant d’«invalide» la décision du gouvernement de déclarer la confrérie «organisation terroriste», Ibrahim Mounir, membre du bureau de la Guidance de la confrérie, a assuré depuis l’Angleterre, où il est en exil, que «les manifestations vont continuer, c’est certain».

Dans le même temps, le gouvernement poursuit sa répression contre les partisans de l’ancien régime islamiste de Morsi, premier président élu après la chute de Moubarak. Mardi 24 décembre, c’est Hicham Qandil, l’ancien Premier ministre du gouvernement islamiste, qui a été arrêté. D’après le ministère de l’Intérieur, il tentait de fuir au Soudan. Hicham Qandil avait été condamné fin septembre à un an de prison ferme pour n’avoir pas fait exécuter un jugement qui annulait la privatisation d’une compagnie publique dans les années 1990.

Les Frères musulmans, visés par une répression meurtrière depuis l’éviction de Morsi le 3 juillet, ne reconnaissent pas l’autorité du gouvernement provisoire mis en place par le général Sissi. Ils réclament le retour du président Morsi, détenu dans un lieu tenu secret.

Le Parisien.fr

F. Achouri

Sociologue.

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