Hommage de François Hollande aux soldats musulmans

Accompagné du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, le président de la République François Hollande a dévoilé mardi 18 février deux stèles de marbre vert installées sur un mur de l’édifice, qui rendent hommage aux « soldats musulmans qui ont combattu pour la France » entre 1914 et 1918, puis entre 1939 et 1945.

Chacune d’elle retrace quelques-unes des unités dans lesquels ils étaient engagés : régiment mixte de zouaves et tirailleurs, spahis ou tirailleurs tunisiens, marocains ou algériens, lors de la Première guerre mondiale ; 22e bataillon nord-africain, régiment de pionniers ou de tirailleurs sénégalais, régiment d’Afrique équatoriale française et de Somalie, pour la Seconde. Devant les représentants des associations d’anciens combattants – parmi lesquelles l’Union nationale des enfants d’anciens combattants français musulmans – les deux hommes ont écouté la sonnerie aux morts, puis la Marseillaise entonnée par les chœurs de l’armée.

« Dans ces moments cruciaux de notre histoire, des hommes sont venus du monde entier pour nous sauver. C’est cette vérité que je suis venu rappeler pour que personne ne soit tenté de l’oublier ou pire encore de l’occulter », a affirmé ensuite François Hollande, dans un discours adressé « aux enfants de ceux qui ont combattu sur un sol où ils n’étaient pas nés » et prononcé dans le patio – désormais couvert d’un dais – de la grande mosquée, devant un large public de ministres, personnalités musulmanes, représentants des autres religions et personnalités politiques.

Bornes interactives

L’actuel recteur de la grande Mosquée, Dalil Boubakeur, est à l’origine – déjà – du mémorial installé à Douaumont (Meuse) et inauguré en 2006 par Jacques Chirac pour rappeler le sacrifice de soldats musulmans lors de la bataille de Verdun. Depuis de longues années, il plaidait également en faveur de l’érection de ces stèles au sein même de la grande mosquée de Paris, pour marquer « la reconnaissance de la patrie aux 100 000 soldats musulmans morts pour elle ».

En 2012, quelques mois à peine avant l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy était venu inaugurer une petite plaque sur ce thème. Le « mémorial » devrait être complété prochainement par des « bornes interactives » qui permettront de « retrouver le nom de tous ceux qui ont laissé leur vie sur le sol de France ».

« La fraternité d’armes née des conflits du XXe siècle a profondément ancré l’islam dans la République », a souligné François Hollande, dont le discours n’a fait qu’effleurer l’actualité. Ainsi, cet hommage est-il, à ses yeux, « un appel au respect » : respect des « morts d’hier », des « morts d’aujourd’hui » pour lesquels les mairies doivent aménager « des carrés confessionnels dans les cimetières », mais aussi des « vivants » par la lutte « farouche contre les discriminations et le racisme », et contre les « paroles et les actes antimusulmans ».

Islam de France

« S’en prendre à une mosquée – comme encore la semaine dernière à Blois –, comme s’en prendre à une église, à une synagogue, à un temple, c’est s’attaquer à l’ensemble de la communauté nationale, a insisté le président de la République ». « Jamais personne ne doit être menacé ou agressé pour ses croyances, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public ». Comme souvent dans ses discours, cette évocation de la liberté religieuse s’est immédiatement assortie d’un hommage appuyé à « la laïcité », grâce à laquelle « tous les citoyens (peuvent) vivre ensemble » sans que « nul ne puisse imposer sa religion à l’autre ».

« C’est au nom de cette laïcité qu’est reconnu un islam de France, a-t-il rappelé. Un islam qui porte un message de tolérance, d’ouverture et de solidarité. Un islam qui ait ses lieux et ses imams en parfaite harmonie avec les valeurs que nous partageons tous. Un islam qui ait une représentation et une place pour dialoguer avec l’État. Un islam pleinement compatible avec les valeurs de la République ». En visite en Tunisie vendredi 7 février, pour saluer la nouvelle Constitution du pays, le président de la République y avait vu la preuve que « l’islam est compatible avec la démocratie ».

« Aujourd’hui, le relationnel entre l’islam et la communauté nationale est parfois compliqué, mais nous tenons à ce qu’on nous regarde comme des membres de la Nation », a de son côté souligné Dalil Boubakeur.

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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