Premier procès d’un cyberdjihadiste en France

Abou Siyad al-Normandy comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour apologie et provocation au terrorisme.

 

Son procès est une première en France. Un jeune islamiste, animateur d’un site djihadiste français comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour apologie et provocation au terrorisme. Romain L., un musulman converti de 27 ans qui utilisait le pseudonyme d’Abou Siyad al-Normandy sur Internet, avait été arrêté le 17 septembre dernier par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans le Calvados, où il réside.

Son incarcération avait été une première depuis une loi de décembre 2012, adoptée après l’affaire Merah, qui permet de placer en détention provisoire une personne mise en examen pour apologie d’actes de terrorisme ou provocation au terrorisme. Un délit passible de cinq ans de prison et 45 000 euros d’amende lorsque la provocation n’est pas suivie d’effets.

« J’assumerai ma responsabilité »

L’homme a reconnu son implication comme administrateur du site djihadiste Ansar Al-Haqq, site de référence de la mouvance islamiste radicale. Il est également poursuivi pour avoir fait traduire et diffusé deux éditions de la revue Inspire, lancée en 2010 par al-Qaida dans la Péninsule arabique (Aqpa) et qui exhorte au djihad. Cette revue est publiée périodiquement, en anglais, depuis le Yémen. Entièrement en couleurs, elle a été rédigée par un Américain d’origine pakistanaise, Samir Khan, et l’influent imam américain d’origine yéménite Anwar al-Awlaqi en était un fréquent contributeur. Tous deux ont été tués par des tirs de drone américains au Yémen.

« Je regrette (…) J’assumerai ma responsabilité », avait-il déclaré le 14 février devant le tribunal, à l’occasion d’une audience où il avait, en vain, demandé sa remise en liberté. Cheveux noirs tirés en arrière, longue barbe, il avait parlé d' »erreur » et de « négligence ». « Je ne pensais pas être hors la loi ou inciter les gens à faire du mal », avait-il ajouté, demandant à retrouver sa famille et à « reprendre une vie tranquille ».

« Il est le seul détenu en France aujourd’hui » pour de tels faits, avait déploré son avocat, Thomas Klotz. L’avocat avait estimé que la possibilité de placer en détention provisoire une personne mise en examen pour un tel délit, inscrit dans la loi de 1881 sur la presse, devait être considérée comme contraire à la Convention européenne des droits de l’homme.

 

AFP

 

F. Achouri

Sociologue.

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