À Rome, le Forum catholico-musulman condamne « la violence contre des personnes innocentes »

Né au lendemain de la controverse de Ratisbonne, le Forum catholico-musulman s’est réuni à Rome du 11 au 13 novembre pour un troisième séminaire.

 

Les 24 délégués présents ont « unanimement condamné les actes de terrorisme, d’oppression, la violence contre des personnes innocentes (…) et la profanation de lieux sacrés ».

Leur rassemblement se tenait « dans une période de fortes tensions et de conflits dans le monde ». Dans leur déclaration finale publiée jeudi 13 novembre, les 24 délégués du Forum catholico-musulman réunis à Rome ont « unanimement condamné les actes de terrorisme, d’oppression, la violence contre des personnes innocentes, la persécution, la profanation de lieux sacrés, et la destruction du patrimoine culturel ». « Il n’est jamais acceptable d’utiliser la religion pour justifier de tels actes ou de mêler ces actes avec la religion », écrivent-ils dans ce texte publié sur le site du Vatican.

Lancé en 2007 à la suite de la lettre adressée aux responsables chrétiens par 138 intellectuels musulmans qui réagissaient au discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne, le Forum catholico-musulman tenait à Rome son troisième séminaire du 11 au 13 novembre sur le thème « Travaillons ensemble au service des autres ».

Éducation, dialogue, violence

Trois sujets ont été abordés par les deux délégations internationales, l’une musulmane présidée, comme les fois précédentes, par le prince Ghazi bin Muhammad de Jordanie, l’autre catholique, présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran, préfet du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux : l’éducation des jeunes, la mise en œuvre du dialogue interreligieux et les moyens de contrer la violence.

« Les délégués ont reconnu de nombreux exemples à travers le monde de la collaboration entre catholiques et musulmans actif dans l’éducation, les efforts de bienfaisance et de secours », indique le texte, qui précise qu’exposés et discussions se sont déroulés « dans une atmosphère cordiale et fraternelle ».

Respect de l’autre

Concernant l’éducation des jeunes « que ce soit dans la famille, l’école, l’université, l’église ou la mosquée », les participants ont souligné qu’elle « est de la plus haute importance pour promouvoir une identité bien équilibrée qui favorise le respect des autres ». « À cette fin, les programmes et les manuels scolaires doivent présenter une image objective et respectueuse de l’autre », indique leur déclaration finale.

Enfin, les participants ont affirmé « l’importance de la culture du dialogue interreligieux pour approfondir la compréhension mutuelle, (…) surmonter les préjugés, les distorsions, les soupçons, et généralisations inappropriées, tout de qui endommagent les relations pacifiques que nous recherchons tous ».

Ce dialogue « devrait conduire à l’action, en particulier chez les jeunes ». Les 24 délégués du Forum catholico-musulman ont encouragé chrétiens et les musulmans à « multiplier les opportunités de rencontre et de coopération sur des projets communs pour le bien commun ».

Au service de la société

Le pape François, qui les a reçus en audience, les a encouragés « à persévérer sur la voie du dialogue islamo-chrétien, et a noté avec satisfaction leur engagement commun au service désintéressé et désintéressé de la société ».

Signe de la mobilisation d’une partie de la communauté musulmane pour condamner et réfuter la violence commise en Syrie ou en Irak par l’État islamique ou au Nigeria par Boko Haram, d’autres rencontres interreligieuses sont prévues ces prochaines semaines. Les 18 et 19 novembre, à Vienne (Autriche), le KAICIID (Centre international du roi Abdullah Bin Abdulaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel), proche de l’Arabie saoudite, doit organiser avec des invités « de haut niveau » venus du Moyen-Orient, une conférence sur le thème : Les responsables religieux contre la violence commise au nom de la religion.

De son côté, Ahmed al Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, principale institution de l’islam sunnite basée au Caire (Égypte), prépare pour début décembre, une conférence islamo-chrétienne pour « contrer le discours extrémiste ».

 

La Croix

 

F. Achouri

Sociologue.

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