Jeudi 21 décembre, le chef de l’État a reçu pour la première fois l’ensemble des représentants des cultes à l’Élysée.
Une rencontre appelée à se reproduire, selon le souhait du chef de l’État.
« Un climat de dialogue, de vrai dialogue en toute franchise. » C’est ainsi que Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), qualifie la première rencontre qui s’est tenue jeudi 21 décembre à l’Élysée entre le président Emmanuel Macron et une dizaine de responsables religieux.
« Le président souhaitait aborder trois thèmes principaux, poursuit Mgr Delannoy, à savoir la laïcité, la formation universitaire aux religions et les aumôneries. » Mais au cours de cette rencontre à huis clos, de plus de deux heures, le président n’a pas été le seul à s’exprimer. Les membres des « autorités religieuses », comme ils sont désignés à l’Élysée, ont pris la parole pour aborder d’autres sujets. « Le président nous a mis à l’aise, loin du protocole », révèle Ahmet Ogras, président du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Laïcité
Ce rendez-vous a traditionnellement lieu dans le cadre des vœux du Nouvel An du chef de l’État, mais ce dernier a préféré rencontrer l’ensemble des responsables des cultes avant les fêtes. Pour anticiper, sans doute, le discours qu’il prévoit de faire devant des philosophes et des intellectuels en janvier prochain.
Premier sujet : la laïcité. Si cette question continue de diviser la société française, comme l’ont montré les récentes polémiques entre l’ancien premier ministre Manuel Valls et le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, sur l’« islamo-gauchisme », ou encore celles de la croix de Ploërmel et des crèches de Noël, c’est d’emblée de manière apaisante que le président l’a abordée.
Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui participait à cette rencontre, a pu revenir sur l’annonce qu’il avait fait le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de 1905 : la création « d’unités laïcité » dans toutes les académies. Et ce pour permettre aux professeurs de ne « pas se sentir seuls » en cas d’atteintes à la laïcité.
Le président Macron a demandé qu’une présence religieuse soit maintenue, par le biais des aumôneries, dans les hôpitaux, dans les armées et dans les écoles. Ce qui a permis à Ahmet Ogras de demander « d’augmenter le nombre d’aumôniers musulmans dans l’armée ».
Les responsables religieux ont également demandé à pouvoir faire entendre leurs convictions lors de la prochaine révision des lois de bioéthique début 2018, notamment à propos de l’accès à la PMA. « Cela nous a été garanti par le président », souligne encore Mgr Delannoy.
L’importance de l’accueil des migrants
Les représentants des protestants et des juifs ont particulièrement insisté sur l’importance de l’accueil des migrants, un sujet sensible après les « mauvais signaux » envoyés récemment par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui assistait également à cette rencontre. « L’enjeu pour nous était de faire se rencontrer le principe intangible du droit à l’accueil et les principes de la réalité »,a rappelé Haïm Korsia, grand rabbin de France.
En janvier, le président Macron devrait annoncer la création d’une « instance formelle interconfessionnelle » destinée à promouvoir le dialogue entre les religions. Elle figure dans la feuille de route adressée au ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.
La Croix