Le Carême, qui a débuté cette année le 14 février 2024 avec le mercredi des Cendres, est le temps privilégié du jeûne, de l’aumône et de la prière. Jeûne, abstinence, est-ce la même chose ? En quoi consiste le jeûne ? Quelles sont les prescriptions de l’Église ?…Tout ce que vous devez savoir sur le jeûne du Carême.
L’article 2043 du Catéchisme de l’Église catholique dispose qu’« aux jours de pénitence fixés par l’Église, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne ». Cette prescription, poursuit le texte, est une invitation faite aux chrétiens à prendre « des temps d’ascèse et de pénitence qui préparent aux fêtes liturgiques » et à acquérir « la maîtrise sur leurs instincts et la liberté du cœur ».
► Qu’est-ce que l’abstinence ?
L’abstinence alimentaire, c’est s’abstenir de manger de la viande. L’article 1251 du code de droit canonique précise à quel moment observer cette règle : « Chaque vendredi de l’année » et le « mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus-Christ ». En France, il est possible de commuer l’abstinence de chaque vendredi de l’année par un autre geste laissé à la discrétion de chacun.
► Qu’est-ce que le jeûne ?
De nos jours, le jeûne est tendance et est souvent une manière de résister aux excès de consommation. Mais le jeûne est une pratique millénaire dans de nombreuses religions. Le jeûne du Carême est une privation volontaire de nourriture pour se libérer du superflu et accorder plus de place à l’essentiel, donner plus de place à Dieu dans sa vie. Le jeûne est un exercice de libération intérieure.
Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée qui prend la forme d’une collation composée, par exemple, d’une portion de pain et d’eau ou d’une soupe. On peut aussi s’abstenir totalement de nourriture, mais pas d’eau. Depuis 1966, le jeûne obligatoire chez les catholiques, est, selon le code de droit canonique, limité à deux jours dans l’année : le mercredi des Cendres, premier jour du Carême, et le Vendredi saint, jour commémorant la mort de Jésus.
Pour les autres jours du Carême, le jeûne est laissé à l’appréciation de chacun et peut revêtir diverses formes : privation de nourriture et de boisson, de télévision, de tabac, de jeux vidéo, de réseaux sociaux… de tout ce qui met notre vie sous la servitude de l’habitude.
► Qui est concerné par le jeûne ?
Le code de droit canonique précise que les personnes tenues d’observer le jeûne sont celles âgées de « quatorze ans révolus » et « tous les fidèles majeurs jusqu’à la soixantième année commencée. Les pasteurs d’âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l’abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence » (code de droit canonique, 1252). Les malades et les femmes enceintes sont dispensés de jeûne.
► Pourquoi doit-on jeûner ?
Pendant ses quarante jours de jeûne dans le désert, Jésus répond au tentateur : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »(Évangile de Matthieu 4, 4). Le jeûne n’est donc pas un objectif en soi, mais un chemin pour se préparer à la fête de Pâques, c’est-à-dire de la Résurrection du Christ d’entre les morts et de la victoire de la vie sur la mort.
Le jeûne a donc pour objectif de donner soif et faim de Dieu et de sa Parole en se dépouillant du superflu et en choisissant ce qui compte, à savoir les relations avec Dieu et les autres. Depuis le concile Vatican II, l’Église insiste autant sur le partage et la prière que sur le jeûne. Le plus grand temps donné à la prière, l’insistance sur le partage et la maîtrise de soi par le jeûne permettent aux chrétiens d’approfondir leur foi et de se convertir, c’est-à-dire encore plus attentif à la présence de Dieu dans leur vie.
► Pourquoi 40 jours de jeûne ?
De tout temps, la pratique du jeûne est indissociable d’une vie conforme au projet de Dieu pour l’homme. Déjà, dans l’Ancien Testament, le prophète Isaïe fustige ceux qui se privent d’un repas et ne vivent pas des commandements de Dieu : « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Isaïe 58, 6-7).
Dans le Nouveau Testament, le jeûne est associé à l’aumône et la prière et doit se pratiquer sans ostentation, « que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra »(Matthieu 6, 4), sans rien attendre en retour, « aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour » (Luc 6, 35), et sans mesure : « Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. » (Luc 6, 30) L’aumône, dans l’Église, sert à établir l’égalité entre frères : « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité »(Deuxième Lettre de saint Paul aux Corinthiens 2 Co 8, 13) et « à semer largement, on récolte largement » (2 Corinthiens 9, 6).
La Croix