Ce que le pape François a dit de l’avortement

Le pape François s’est exprimé à plusieurs reprises sur la question de l’avortement, le plus souvent au sein d’une réflexion plus vaste sur la défense des plus faibles, aussi bien des personnes âgées que des victimes de la traite des êtres humains. « Cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains », qui regarde « la cohérence interne » du message de l’Église catholique, rappelle-t-il. Sans transiger ni laisser penser qu’elle pourrait un jour changer de position sur cette question, le pape met en avant la miséricorde, qui implique pour les chrétiens de ne pas en rester à une posture de condamnation, sans quoi « l’édifice moral » de son message risque non seulement d’être mal compris mais aussi de « s’écrouler comme un château de cartes ».

Dans un message aux organisateurs de la Marche pour la vie, organisée le 19 janvier, le nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, écrit que « le pape François est informé de cette initiative en faveur du respect de la vie humaine. Il salue les participants à cette marche et les invite à maintenir vive leur attention pour ce sujet si important ».

Devant les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, le 13 janvier, évoquant « la culture du déchet » : « Malheureusement, ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes, qui sont “jetés” comme s’ils étaient des “choses non nécessaires”. Par exemple, la seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur ; ou encore ceux qui sont utilisés comme soldats, violentés ou tués dans les conflits armés, ou ceux qui sont objets de marché dans cette terrible forme d’esclavage moderne qu’est la traite des êtres humains, qui est un crime contre l’humanité ».

– Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le 24 novembre : « Parmi ces faibles, dont l’Église veut prendre soin avec prédilection, il y a aussi les enfants à naître (…). Fréquemment, pour ridiculiser allègrement la défense que l’Église fait des enfants à naître, on fait en sorte de présenter sa position comme quelque chose d’idéologique, d’obscurantiste et de conservateur. Et pourtant cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. (…) Précisément parce qu’il s’agit d’une question qui regarde la cohérence interne de notre message sur la valeur de la personne humaine, on ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position sur cette question ».

– Lors d’une rencontre avec des gynécologues catholiques, le 20 septembre : « La mentalité répandue de l’utile, la culture du rejet, qui aujourd’hui rend esclave les cœurs et l’intelligence de beaucoup, possède un coût très élevé : elle appelle à éliminer des êtres humains, surtout s’ils sont physiquement ou socialement plus faibles. Notre réponse à cette mentalité Oui résolu et sans hésitation à la vie. Il n’existe pas une vie humaine plus sacrée qu’une autre. (…) Chaque enfant non né, mais injustement condamné à être avorté possède le visage du Seigneur qui, avant même de naître puis à peine né, a fait l’expérience du refus du monde. Et chaque personne âgée, même si elle est malade ou en fin de vie, porte en elle le visage du Christ. (…) On ne peut les éliminer ! »

– Dans son entretien aux revues jésuites, publié le 19 septembre : « Je pense à cette femme qui avait subi l’échec de son mariage durant lequel elle avait avorté ; elle s’est ensuite remariée et elle vit à présent sereine avec cinq enfants. L’avortement lui pèse énormément et elle est sincèrement repentie. Elle aimerait aller plus loin dans la vie chrétienne : que fait le confesseur ? Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons (…), mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. (…) Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes. »

– Lors de la messe pour la Journée consacrée à l’encyclique de Jean-Paul II Evangelium Vitae, le 16 juin : sans jamais évoquer directement l’avortement, le pape François a scandé son propos d’insistances répétées sur le « Dieu vivant et miséricordieux », sur les Dix Commandements qui « ne sont pas un hymne au “non”, mais au “oui” à Dieu, à l’Amour, à la vie ! » S’appuyant sur le Christ, le pape n’a utilisé que des verbes positifs : « Il accueille, aime, soulage, encourage pardonne et donne d’une façon nouvelle la force de marcher, redonne vie. »

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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