Mercredi 5 novembre, de violents incidents ont opposé Palestiniens et policiers israéliens dans la mosquée Al-Aqsa sur l’esplanade des mosquées.
Explications sur un lieu riche de tensions potentielles.
Troisième lieu saint de l’islam et site sacré du judaïsme, l’esplanade des Mosquées à Jérusalem est une poudrière potentielle.
L’esplanade s’étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur arabe occupé et annexé par Israël depuis 1967 et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État.
Un lieu saint pour l’islam
Le site, appelé par les musulmans Al-Haram al-Charif (Noble sanctuaire), abrite la mosquée du Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa (la Lointaine) car c’est le sanctuaire le plus lointain où, selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet se soit rendu.
Selon la tradition musulmane, le Dôme du Rocher se dresse sur le rocher d’où le prophète est monté aux cieux sur sa jument ailée, al-Bourak.
L’esplanade est ainsi le troisième lieu saint de l’islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète de Médine, en Arabie saoudite.
Un site sacré pour les juifs
Sa construction a commencé au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l’an 70 et dont l’unique vestige, le mur des Lamentations (ou mur Occidental), est situé en contrebas.
Appelée par les juifs Har HaBayit (mont du Temple), l’esplanade est le site le plus sacré du judaïsme.
La police autorise les juifs à s’y rendre mais leur interdit d’y prier pour éviter des incidents avec les musulmans. La plupart des fidèles ne s’y rendent pas car le rabbinat l’interdit de crainte qu’ils foulent aux pieds le Saint des Saints et le désacralisent. Le mur des Lamentations est de fait le site le plus sacré où les juifs peuvent prier.
Revendication des ultranationalistes juifs
Des ultranationalistes juifs, dont certains veulent reconstruire le Temple, provoquent régulièrement des incidents en entreprenant de prier subrepticement sur l’esplanade après être montés en simples visiteurs. Les musulmans, inquiets de l’activisme de ces ultranationalistes, s’alarment que le gouvernement israélien puisse un jour concéder le droit de prier aux juifs et que cela soit la porte ouverte à une destruction d’Al-Aqsa pour la reconstruction du Temple.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou se défend de toute intention de changer le statu quo.
Les précédents incidents
En 1929 déjà, sous le mandat britannique, une série d’émeutes meurtrières avaient éclaté au nom de la défense du Noble Sanctuaire.
Le 28 septembre 2000, la visite sur l’esplanade d’Ariel Sharon, alors leader de l’opposition de droite, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens.
Le lendemain, des heurts sanglants avaient opposé Palestiniens et policiers israéliens qui avaient tué sept manifestants par balles, marquant le début de la deuxième Intifada.
L’esplanade est gérée par le Waqf, une fondation islamique sous contrôle jordanien, indépendamment de l’administration israélienne, mais la police israélienne contrôle les accès au site.
Au début des années 1980, le Shin Beth avait démantelé un réseau clandestin d’ultranationalistes juifs qui préparaient un attentat à grande échelle contre les mosquées de l’esplanade pour torpiller l’accord de paix avec l’Égypte, signé en 1979, et empêcher le démantèlement des colonies juives dans la péninsule du Sinaï.
La Croix / AFP