Couvre-feu sur nos âmes

 

Maroc, Casablanca, Mosquée Hassan, Hassan, Islam

Voilà maintenant un an que le monde vit au rythme imposé par un virus, le Covid, parti de Chine fin 2019. L’origine de ce virus reste à ce jour inconnue, peu importe, la menace existe et il faut continuer d’alimenter la phobie collective. En première ligne, les médias, qui exercent une influence pernicieuse sur le processus qui forme la vision psychologique du monde au sein de la société, en communiquant tous les jours le nombre de malades et de contaminés. Des médias, qui, par ailleurs, se sont mis récemment au service de grands groupes pharmaceutiques désireux de commercialiser leurs vaccins anti-Covid, alors même que des traitements efficaces existent. Médias et pouvoirs publics ont en effet négligé et discrédité depuis le début de l’épidémie, des solutions comme l’hydroxychloroquine ou l’artémisia annua efficientes contre le Covid. Bien entendu, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec les médias sont taxés de complotistes, insulte facile qui empêche tout un chacun, d’émettre la moindre critique sur la situation actuelle. Le seul contrepoids à ce storytelling anxiogène, reste les rares alerteurs présents sur Internet, ces derniers subissant de plus en plus la censure des GAFAM. Nous serons probablement nous-mêmes taxés de complotistes en soulevant un certain nombre de questions qui nous paraissent nébuleuses.

En France, ce virus qui est mortel pour « seulement » environ 0,14% de la population, a causé la plus grave crise économique de l’après-guerre, en raison des confinements et des couvre-feux imposés à la population depuis plusieurs mois par le pouvoir politique. Des pans de secteurs-clés de l’économie comme le tourisme, la restauration et la culture qui faisaient la gloire de la France, se sont effondrés. Voilà plusieurs mois que la population française vit cloîtrée, masquée et privée d’interactions sociales les plus basiques, sans pouvoir se projeter, en se demandant où ce chaos va la mener. Notre existence ne voit sa signification que comme une fonction des liens sociétaux, l’isolation hédoniste nous fait perdre notre soi. Des mois qu’une majeure partie de la population est dans un état végétatif, écrasée sous le poids d’injonctions contradictoires et irrationnelles, d’une classe politique dont les décisions relèvent davantage d’impératifs économiques ciblés que de santé publique. Des mois que cette crise a plongé les plus fragiles d’entre nous dans la précarité et le désespoir. Dès le début de l’épidémie, le Président E. Macron, dans un ton martial, déclarait que « la France était en guerre ». Cette dernière semble être menée contre le peuple français, l’affaiblissant de jour en jour, en misant sur la stratégie du chaos. En un an, nous sommes passés d’une société de l’exubérance à une société de l’inertie. Une société dans laquelle toute conduite est réglementée devient figée, elle risque de périr par ossification et de laisser place aux dérives d’une société du contrôle, d’une globalisation du « QR code ». Le désespoir existentiel, si largement ressenti aujourd’hui dans la population provient en particulier de l’effondrement des valeurs, comme les valeurs transcendantales. En l’absence de valeurs solides, nous en sommes réduits à de simples consommateurs ou à suivre les préférences. Les individus ne recherchent que leur propre intérêt ou caprice. Le sociologue Robert M. MacIver les qualifia d’individus anomiques, qui n’ont aucun sens de la responsabilité ou de l’engagement social. Les suicides en augmentation depuis la crise du Covid sont une manière de fuir la « dégradation de la vie » elle-même. L’anxiété, également en croissance, se révèle dans des complots imaginaires et dans l’idée qu’un groupe malfaisant prépare la destruction du pays.Avec Internet, Netflix et les réseaux sociaux, l’individu est réduit à l’insignifiance mentale par le « super flux » de culture et par l’inondation de données qu’il est incapable de digérer.

Le virus du Covid a fait place dans les médias à la rhétorique autour du nouveau monde ou du monde d’après. Faudrait-il encore que cette crise ait réussi à réveiller les consciences en vue d’un changement radical. La consommation est toujours là pour cacher la vacuité de l’existence et rendre la vie agréable. Les valeurs de conscience de groupe et  de coopération ont laissé place à l’individualisme et à la compétition. Dans une société d’aliénation totale, les gens réagissent soit par la violence soit par le désespoir. Le nihilisme et l’ennui si courants aujourd’hui, sont les conséquences directes de l’aliénation. La rapidité des changements sociaux a diminué la force des valeurs acceptées en nous obligeant à adopter une position subjective. C’est la raison pour laquelle, les gens n’essaient plus de prendre une position morale, mais cherchent à « s’adapter » malgré les nombreuses restrictions. Le pouvoir et l’influence d’internet, du fait de son usage individuel massivement consumériste et distractif qui isole l’individu, rencontre des limites, en particulier sur le terrain de l ‘engagement citoyen. Le mécontentement et la colère sont certains, mais où sont les manifestants dans la vie réelle à part les Gilets jaunes ? De profonds remous protestataires sont-ils à craindre si la situation venait à se dégrader ? La dérive de ce monde est d’engendrer des déséquilibres sociaux qui ne sont que la conséquence du spirituel dans le temporel au profit d’une superpuissance marchande et technologique. L’existence d’un état de frustration très répandu est à l’origine de l’augmentation de la violence que connait notre société actuelle. Le scientifique Donald Schön reconnait que notre société est témoin d’une disparition des organisations et institutions stables, supports de l’identité et des systèmes de valeurs.  Il ajoutait que « le changement a une puissance énorme…et produit une angoisse énorme ». Nous vivons dans une instabilité permanente, l’individu n’est pas destiné à vivre dans un environnement en perpétuel bouleversement. La plupart de nos frustrations proviennent en effet de la trop grande vitesse du changement social issu de l’expansion de la science et de la technologie.

Que révèle cette crise inédite d’un point de vue sociétal, dont le Covid est une prémisse ? Que de nombreuses idéologies ont échoué. Que les totalitarismes sont devenus de plus en plus protéiformes. Que les mesures liberticides imposées aux peuples ne sont que sécuritaires. L’État-nation n’est devenu qu’un simple appareil sécuritaire au service de méga-entreprises. Les États, dont la France, sont poussés à des démarches et des volontés économiquement irrationnelles pour des motifs à caractère méta économiques. Les méga industries pharmaceutiques exercent en effet des pressions considérables sur les gouvernements. La mondialisation n’est rien d’autre qu’une extension totalitaire de leur logique appliquée à tous les domaines de l’existence. Des méga groupes économiques, dont les laboratoires pharmaceutiques, avec la vaccination de masse « forcée », s’activent pour mettre en place un nouvel ordre mondial. Orwell avec son ouvrage 1984 célébré comme le visionnaire critique des défauts de la société capitaliste est aujourd’hui dépassé ! L’excès d’informations mène à la confusion et nous empêche de réfléchir. En manipulant l’information, le pouvoir totalitaire détruit le critère même de vérité. Puisque la vérité est changeante, en fonction des besoins du pouvoir, le mensonge peut devenir vérité ou plutôt c’est la notion même de vérité qui disparait. Il y a quelques mois, selon le gouvernement, le port du masque était inutile dans la rue, il est aujourd’hui obligatoire sous peine d’amende (même si d’éminents scientifiques continuent de dire que le masque ne protège pas du Covid).

Le monde dans lequel nous sommes embarqués en ce début du XXIème siècle est celui de la mondialisation néolibérale et de l’émergence de nouvelles puissances. Nous assistons avec la crise du Covid à une transition majeure, le passage d’un monde ancien vers un monde nouveau. La révolution numérique est en train de transformer nos vies encore plus radicalement que la révolution industrielle. Les techniques de surveillance, de manipulation, de censure sont à l’œuvre pour dérouler la feuille de route du nouvel ordre mondial. Le futur proche est celui des robots, et annonce une nouvelle humanité ou plutôt devrions nous dire une inhumanité, dont les programmes de port du masque et de distanciation sociale ne sont que les catalyseurs d’une habituation à côtoyer les machines. La vogue actuelle des grands laboratoires de recherche scientifique est en effet celle d’une technologie toute puissante qui prévoit de créer un « homme machine » ou une machine qui dominera l’Homme dans un projet qui dépasse de beaucoup l’entendement des religions. Ce siècle voit la rivalité du fondamentalisme religieux et du fondamentalisme technologique avec au centre, l’Homme comme première victime. Le transhumanisme, la religion du mondialisme, créerait moins une unité mondiale qu’elle unifierait les forts en excluant les faibles sur des critères d’humanité somatique et psychologique en recourant à la vaccination pour les personnes âgées ou les plus vulnérables. Le transhumanisme peut devenir dangereux quand il est transgressif, qu’il touche au patrimoine génétique en voulant modifier le génome humain, avec les vaccins à ARN messager anti-Covid, dont nous sommes aujourd’hui les cobayes. Les religions condamneraient un transhumanisme areligieux, qui ignore les frontières entre le naturel et l’artificiel, entre matière et esprit, entre vivant et non-vivant.

La  crise spirituelle que nous traversons a fait dégénérer la raison et la structure sociale des sociétés. Plus la morale diminue, plus la compétition frénétique se transforme en individualisme agressif, en mécontentement et en anarchie. La régression de la pensée religieuse a désagrégé la formation de la conscience humaine. L’acceptation des vérités fondamentales d’une religion permet en effet à l’homme tout un champ de cognition possible où son esprit peut se mettre à la recherche de la Vérité. Redécouvrir des valeurs religieuses nous renforce, nous montre le sens de la vie, de la mort et de l’Histoire. C’est une des raisons pour laquelle, le croyant vit avec moins de difficultés la crise actuelle. La spiritualité facilite aussi notre acceptation introspective de notre intériorité. Le monde moderne est plongé dans une course folle où les identités individuelles et collectives seront sacrifiées sur l’autel d’un nouvel ordre mondial. Des pays comme la Chine et Israël, ont déjà mis en place des programmes de surveillance, de contrôle (Crédit social en Chine) et de traçage (Passeport vert en Israël). Avec la crise du Covid, nous sommes entrés dans l’ère d’une « normalité totalitaire » avec les nombreuses restrictions imposées aux peuples depuis un an. La caractéristique principale du totalitarisme nous rappelle Guy Hermet c’est « de pouvoir, en permanence, limiter la possibilité d’action autonome dans n’importe quelle sphère d’activité sociale ».

Nous assistons finalement à l’échec de la modernité, une inversion des valeurs, où le mensonge domine la vérité, où l’incompétence domine la compétence, où la bêtise domine l’intelligence, où le vulgaire a triomphé. Nous sommes les témoins semble-t-il, d’une lutte qui oppose les forces du Mal à celles du Bien. L’eschatologie interprète notre époque comme l’avènement de la fin des Temps. Emmanuel Macron, dans une interview accordée au Financial Times en avril 2020, déclarait que « la Bête de l’événement est là et elle arrive. » À quoi faisait-il allusion ? Nous sommes en droit d’attendre, de la part du chef de l’État, un discours clair qui analyse les faits et propose des actions à mener. En lieu et place, E. Macron développe une rhétorique tortueuse et sibylline. Mais à quelle Bête faisait référence E. Macron ? A la Bête de l’Apocalypse, figure de l’eschatologie chrétienne qui symbolise le pouvoir de Satan et de ses moyens mis en oeuvre pour arriver à ses fins ? Au Dajjal, le grand trompeur dans l’eschatologie musulmane, qui régnera à la fin des Temps ? Ou E. Macron faisait-il allusion à l’imminente arrivée du Machia’h dans la tradition juive ? Le visage de la Bête sera-t-il celui d’une intelligence artificielle supérieure qui scrutera tout ?

La crise anthropologique de la démocratie qui n’a pas été capable de relever le défi de l’harmonie touche sans doute à sa fin. Le post-modernisme sera celui du fondamentalisme religieux et du fondamentalisme technologique. Seul un monde « para primitif », dépourvu de tensions créées par le libéralisme et l’instabilité de l’environnement, pourra donner à l’homme le temps, l’espoir et la sensibilité qui lui permettront de s’intéresser à son intériorité. De grandes et profondes mutations à l’échelle mondiale se déroulent sous nos yeux. La vérité apparente fera place à la vérité cachée. Nous devons user de notre libre arbitre, choisir notre vie et redevenir souverain, si nous ne voulons pas connaitre le monde cauchemardesque prévu par les savants-fous du tout technologique,  des milliardaires qui ambitionnent de contrôler l’humanité. Enfin, pour ne pas conclure, nous citerons le Coran : « Ainsi, Nous avons placé dans chaque cité de grands criminels qui y ourdissent des complots. Mais ils ne complotent que contre eux-mêmes et ils n’en sont pas conscients » (S.6, v.123).

 

Fatima Achouri

 

 

 

Ouvrages utilisés :

Repenser la vie- G. Rattray Taylor- Éd. Calmann- Lévy-1972

Totalitarismes – G. Hermet- Éd. Économica- 1984

Islam 2.0- F. Achouri -Éd. Michalon- 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques ( Loi de 1905) et aux organisations privées.

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