L’obsession du voile habite nombre d’élus et elle s’est de nouveau illustrée mardi 18 janvier au Palais du Luxembourg. Les sénateurs ont en effet voté un amendement à la proposition de loi sur le sport visant à interdire le port des signes religieux « ostensibles » – en premier lieu le voile – « aux événements sportifs et aux compétitions sportives organisés par les fédérations sportives et les associations affiliées ». La proposition, que les élus avaient tenté d’intégrer dans le projet de loi contre le séparatisme, a été adoptée par 160 voix pour et 143 contre malgré l’avis défavorable émis par le gouvernement.
Une semaine après l’adoption de cet amendement controversé, les Hijabeuses, un collectif de jeunes sportives musulmanes, portant le voile ou pas, engagées pour défendre le droit de chacune de jouer au football, ont organisé, mercredi 26 janvier, un match devant le Sénat pour protester contre l’instauration d’une nouvelle loi restrictive à l’encontre des femmes.
« Combien de temps encore va-t-on exclure les femmes qui portent le foulard, du sport, du travail, des loisirs, sous prétexte de les libérer ? », s’insurge l’association Alliance Citoyenne, qui porte le collectif des Hijabeuses. Celle-ci avait saisi le Conseil d’État en novembre 2021 pour obtenir le droit de porter le voile pendant les compétitions officielles de la Fédération française de football (FFF).
« Les Hijabeuses & leurs alliées viennent d’improviser un match devant le Sénat pour rappeler qu’elles continueront à jouer même si l’Etat ne veut pas », a relayé le collectif des Dégommeuses, en soutien à l’action, sur les réseaux sociaux. « Députés et sénateurs, il est encore temps de revenir sur une loi discriminante et contraire à la laïcité. »
La proposition de loi sur le sport, l’amendement avec, sera de nouveau examinée par des députés et des sénateurs qui seront réunis lundi 31 janvier en commission mixte paritaire pour trouver un compromis. Jusque-là, les amendements anti-voile adoptés au Sénat ont toujours été retoqués par les députés. Une certitude : cette volonté de légiférer sur les choix vestimentaires des femmes musulmanes agace au plus haut point des citoyens désireux que les débats se concentrent sur des affaires plus essentielles pour l’avenir du pays.
Saphirnews