La cible ? Le Hamas. Les victimes ? De simples civils… des déplacés qui vivent sous les tentes. La frappe israélienne qui s’est abattue sur une zone humanitaire de Khan Younès dans la nuit de lundi à mardi a tout effacé, tout emporté, décrit notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Selon un responsable de la Défense civile gazaouie, Mohammed Al-Mughai, « 40 martyrs et 60 blessés ont été récupérés et transférés » dans les hôpitaux voisins.
« Nos équipes travaillent toujours pour retrouver 15 personnes disparues après la frappe qui a ciblé les tentes des personnes déplacées de al-Mawasi, à Khan Younès », ville du sud de la bande de Gaza, a-t-il ajouté. Alors que faire ? Les Gazaouis publient des vidéos du lieu du drame et tentent de retrouver des survivants. Dans l’obscurité, une opération de sauvetage sans grands moyens s’est montée, avec des torches de téléphones portables en guise de lampes et des mains nues en guise de pelle.
« Il respire encore ! »
Et puis les secours sont arrivés avec du matériel. Un enfant est sorti des décombres, « Il respire encore », crient certains. Mais pour beaucoup d’autres, il est trop tard. La déflagration puissante a soulevé la terre, tué et enterré les corps. À la place du camp de déplacés, reste un tas de sable et un cratère d’une dizaine de mètres de profondeur.
Toujours selon l’organisation chargée des services d’urgence dans la bande de Gaza, de grands cratères ont été formés par les frappes israéliennes. « Des familles entières ont disparu dans le massacre de Al-Mawasi à Khan Younès, sous le sable, dans des trous profonds », a déclaré un autre porte-parole de la défense civile, Mahmoud Basal dans un communiqué.
Boucliers humains
De son côté, l’armée israélienne a expliqué avoir ciblé cette zone après avoir y avoir identifié la présence de cadres du Hamas. Un avion de l’armée israélienne a « frappé d’importants terroristes du Hamas qui opéraient depuis un centre de commandement et de contrôle au sein de la zone humanitaire de Khan Younès », a indiqué l’armée israélienne. « Les organisations terroristes de la bande de Gaza continuent d’abuser systématiquement des infrastructures civiles et humanitaires, y compris la zone humanitaire désignée, pour mener des activités terroristes contre l’État d’Israël et les troupes de Tsahal », a-t-elle indiqué dans son communiqué. Le Hamas a démenti avoir des combattants dans la zone humanitaire.
Al-Mawasi, dans la ville de Khan Younès, avait été désignée comme zone de sécurité par l’armée israélienne au début de la guerre et des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés y ont trouvé refuge. L’armée a cependant continué à mener périodiquement des opérations dans la zone, y compris une frappe en juillet qui, selon les autorités sanitaires, a tué plus de 90 personnes, dont le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, selon Israël.
Pour justifier ces frappes, Israël explique que le Hamas utilise régulièrement des civils comme boucliers humains, ce que le groupe dément. De son côté, l’ONU, par la voix de son émissaire pour le processus de paix au Moyen-Orient, a condamné mardi après-midi les frappes aériennes israéliennes. « Je condamne fermement les frappes aériennes meurtrières menées aujourd’hui par Israël dans un secteur densément peuplé, une zone humanitaire définie par Israël à Khan Younès où s’abritaient des personnes déplacées », a déclaré Tor Wennesland dans un communiqué. Avant d’ajouter que « les civils ne devaient jamais être utilisés comme boucliers humains. »
RFI