Un tribunal israélien a ouvert la possibilité aux juifs de venir prier sur l’esplanade des Mosquées, abritant aujourd’hui le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, à la condition que leurs prières se fassent en silence. Cette décision de la Cour des magistrats de Jérusalem, qui remet en cause des décennies de statu quo sur ce lieu emblématique de Jérusalem, a été prise après qu’un rabbin a été interpellé fin septembre par la police israélienne car il priait sur l’esplanade, aussi appelé Mont du Temple par les juifs. Interdit de visite pour deux semaines, il a saisi la justice, qui a donc révoqué la décision de la police.
Depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967, un accord permet aux juifs d’accéder à certaines heures à l’esplanade, mais pas d’y prier. La prière a lieu normalement au Mur des Lamentations, en contrebas. Mais depuis plusieurs années, des juifs religieux provoquent des incidents en entreprenant de prier subrepticement sur l’esplanade après y être montés en simples visiteurs, créant alors des tensions avec les fidèles palestiniens musulmans qui craignent qu’Israël ne tente de modifier les règles d’accès au site.
« Le plaignant prie en silence dans un coin, sans public autour. Je ne vois pas en quoi il représente un danger pour l’ordre public comme l’affirme la police », a déclaré la juge. La police israélienne, qui contrôle les entrées du site sacré, a fait appel de la décision de justice, estimant que le rabbin avait eu « une conduite impropre dans un lieu public ».
Le directeur de la mosquée Al-Aqsa, Omar Al-Kiswani, a fustigé, , jeudi 7 octobre, la décision de justice israélienne. « Ces prières sont des provocations et une violation du caractère sacré d’Al-Aqsa », a-t-il indiqué à l’AFP. « La décision n’a aucune légitimité, car nous ne reconnaissons pas les lois israéliennes sur Al-Aqsa. »
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a appelé Israël à ne pas imposer un « nouveau fait accompli » sur l’esplanade et exhorté les Etats-Unis à « respecter son engagement à maintenir le statu quo » sur les lieux saints de Jérusalem.
L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a dénoncé « une attaque sans précédent sur les droits religieux inaliénables des musulmans » et a rejeté « toute mesure prise par la puissance occupante, Israël, qui puisse affecter le statut d’Al-Qods et la présence palestinienne dans ses lieux, ou qui porte atteinte aux lieux saints islamiques et chrétiens ». L’Egypte y a vu une « violation » qui aurait des répercussions sur « la sécurité et la stabilité de la région », tandis que la Jordanie s’est engagée à s’opposer « fermement » à tout jugement israélien visant les lieux sacrés à Jérusalem.
Saphirnews / AFP