Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Témoignage Chrétien , dans son édition datée du 27 février, le premier ministre Jean-Marc Ayrault livre sa vision de la situation de la France, particulièrement dans le domaine du dialogue entre les différentes composantes de la société.
Connu pour s’être engagé durant sa jeunesse au sein du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), le premier ministre et ancien maire de Nantes répond notamment à une question sur « l’apport chrétien, catholique ou protestant à l’histoire de la gauche française ».
« Je suis un socialiste de l’Ouest. Je sais combien a été importante la synthèse entre la gauche laïque et les chrétiens de gauche. Ce socialisme de l’ouest est sans doute celui qui a le plus renouvelé le socialisme d’aujourd’hui. Je ne dis pas que les valeurs chrétiennes et les valeurs socialistes sont les mêmes mais elles ont des points communs : l’idéal de justice, de fraternité, de partage. Je rappelle que Pierre Mauroy a beaucoup veillé à l’accueil de ces militants issus du mouvement social-chrétien, syndicalistes ou associatifs… », affirme Jean-Marc Ayrault.
Pour le premier ministre, « la laïcité n’est pas un obstacle à la présence de chrétiens dans les mouvements de la gauche, bien au contraire. C’est la laïcité qui permet à tous de militer ensemble avant de retrouver, après, son engagement religieux ou son absence d’engagement. »
Jean-Marc Ayrault rappelle alors son attachement à la laïcité, qu’il estime être « une grande liberté ». « Je ne conçois pas le fonctionnement de la République sans dialogue, chacun à sa place, avec les grandes religions », indique-t-il, soutenant qu’il a « toujours été attentif à marquer du respect aux grandes religions », depuis sa nomination à Matignon en mai 2012. « Je considère que la loi de 1905 a été une loi de concorde nationale », ajoute le premier ministre, non sans rappeler que « celui qui était rapporteur de cette loi était d’ailleurs un Nantais, Aristide Briand ».
Enfin, en conclusion de son entretien avec Témoignage Chrétien, le premier ministre est invité à donner son sentiment sur le pape François, qui s’apprête à célébrer le premier anniversaire de son pontificat, le 13 mars.
« C’est quelqu’un qui a envie de bousculer les hiérarchies et les pesanteurs, et qui veut montrer quelque chose d’authentique, qui parle au cœur des gens. Ça se sent et je suis convaincu qu’il est sincère. Après, on peut toujours débattre de ses prises de position, c’est un autre sujet », estime Jean-Marc Ayrault.
Avant de reprendre son éloge appuyé au pape. « Mais je sens qu’il veut revenir à l’authentique. Ça marque beaucoup de gens et ça redonne le moral à des personnes que je connais, des militants catholiques, des associations, très engagés, souvent gênés de voir qu’on présente les Églises uniquement sous l’angle de ceux qui manifestent pour ne rien changer, tout conserver ou revenir en arrière. Le pape François redonne sûrement du baume au cœur à ces militants associatifs oubliés et je peux les comprendre. »
La Croix