La SNCF (encore) accusée de racisme, l’impunité dénoncée

A la SNCF, les salariés auteurs d’actes racistes ne sont pas sanctionnés comme ils le devraient par l’entreprise publique. C’est ce que relève Mediapart dans un dossier publié dimanche 5 janvier.

Le site, qui s’est procuré deux rapports internes de la SNCF, rapporte des faits qui se sont déroulés fin 2012 à Montpellier (Hérault), au sein de la SUGE, la sûreté générale de la SNCF, qui a pour mission d’assurer la sécurité des voyageurs et du personnel. Le 7 décembre 2012, l’un des agents envoie un sms au contenu raciste à plusieurs de ses collègues. « Seine-Saint-Denis : cinq arabes se tuent au volant d’une C5 lors d’une course-poursuite. Le Mirail à Toulouse : un jeune arabe au volant d’une saxo force un barrage de police et se tue. Grenoble : trois maghrébins se tuent à bord d’une DS3 Racing volée. MORALITÉ : vous n’imaginez pas tout ce que Citroën peut faire pour vous », peut-on lire.

Choqué, l’un des destinataires du message, appelé Eric par Mediapart, décide d’alerter sa direction. Mais celle-ci ne fait rien. Kamel, un autre employé de la SUGE prend alors contact avec le déontologue SNCF de la zone Méditerranée. Une réunion sur « la discrimination sur le lieu de travail » est alors organisée en février 2013. Ses conclusions sont sans équivoque. « Plusieurs actes de manquement à la déontologie et à connotation diffamatoire » ont été établis au cours des deux dernières années à la SUGE de Montpellier. Ainsi, en 2011 « des tranches de saucisson sont déposées dans le casier d’un agent SUGE de confession musulmane » et l’année suivante, des chansons appelant à massacrer « des sales rebeus » sont diffusées dans le bureau de la gare.

Le Défenseur des droits enquête

Les agents auteurs de ces actes racistes, l’auteur du sms haineux compris, sont identifiés dans ce rapport d’enquête, mais curieusement ils n’ont écopé d’aucune sanction. « L’implication du manager doit être sans faille dans la lutte contre toutes les formes d’exclusions. (…) Sa recherche d’auteurs d’actes répréhensibles doit être permanente, et les sanctions appliquées à la hauteur de la gravité », signale le déontologue. Mais à la suite de ce rapport, la SUGE ne réagit toujours pas, indique Mediapart.

La SNCF choisi, pour sa part, de diligenter une nouvelle enquête, menée cette fois par la direction nationale de l’éthique. La responsabilité de la direction est une nouvelle fois pointée du doigt. « La hiérarchie locale est trop conciliante avec les auteurs de ces écarts » : « Ni demande d’explication, ni entretien formel, et a fortiori, pas de sanction. Le chef d’agence se limite pour l’essentiel à des notes de service restant dans le flou et les généralités », est-il dénoncé.

Si les auteurs d’actes racistes jouissent d’une impunité, Kamel, à l’inverse, qui a lancé l’alerte à Montpellier, a reçu un avertissement pour des absences prétendument injustifiée, fait remarquer Mediapart. Saisi de l’affaire, le Défenseur des droits devrait procéder à une vérification sur les lieux au cours du mois de janvier.

Ce n’est pas la première fois que des cas de discriminations et de racisme à la SNCF sont rapportés. Ainsi, la venue de Shimon Pérès en mars 2013 avait poussé une filiale de la SNCF à ne pas faire travailler les employés noirs et arabes pour éviter que le président israélien ne soit accueilli par du personnel musulman.

805 cheminots marocains en exercice ou à la retraite, sont également actuellement engagés dans une bataille judiciaire contre leur employeur pour discrimination. De plus jeunes employés issus de l’immigration, réunis au sein du collectif SNCF Droit à la différence, dénoncent régulièrement le racisme auquel ils doivent faire face sur leur lieu de travail.

 

Saphirnews

 

F. Achouri

Sociologue.

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