Les six mille séminaristes et novices, originaires de 66 pays, venus à Rome en pèlerinage dans le cadre de l’année de la foi, ne sont pas prêts d’oublier leur rencontre avec le pape François le samedi 6 juillet.
Au cœur de leur séjour, ils ont pu entendre la parole forte et directe du pape, qui, dans son style désormais bien connu, n’a pas hésité à laisser son texte de côté et à s’adresser à eux sans ménagement. Pendant près d’une heure, dans une salle Paul VI réchauffée par les témoignages et les chants qui avaient précédé son intervention, François a parlé de la vocation, de la joie, de la cohérence entre leur engagement et leur vie, dénonçant sans ambages certains comportements dans l’Église.
Joie, fécondité et authenticité
Accueilli plus que chaleureusement à son arrivée par des jeunes qui se sont quasiment arraché sa soutane, le pape François, dans une catéchèse en grande partie improvisée, a tenu à rappeler avec force la beauté de la consécration. Trois mots-clés ont été le fil conducteur de cette catéchèse très personnelle, vivante et imagée : joie, fécondité et authenticité. « Le choix définitif est difficile aujourd’hui », a d’abord reconnu le pape, se référant tant au sacerdoce qu’au mariage ; la faute en revient à une « culture du provisoire » dont nous sommes les victimes, à laquelle nous sommes soumis, et dont il faut se libérer, parce que « dangereuse ».
Le pape est ensuite revenu sur la principale caractéristique du consacré : la joie. Et d’exhorter les aspirants au sacerdoce et à la vie religieuse à être de vivants témoins de la joie du Christ. « Il n’y a pas de sainteté dans la tristesse » a martelé le pape. Il a poursuivi : « La joie ne naît pas des choses que l’on possède. (…) Ca me fait mal quand je vois un prêtre ou une sœur avec une voiture ‘dernier cri’. Ce n’est pas possible. Qu’ils pensent aux enfants qui meurent de faim ». « S’il vous plaît ! Pas de prêtre ou de sœur avec des têtes de piment au vinaigre ! » a lancé le pape devant une assistance hilare.
« Ne soyez pas des vieilles filles et des vieux garçons ! »
« Mais d’où vient ce manque de joie » que l’on peut voir chez certains consacrés ? interroge le pape. D’un célibat mal vécu, stérile, source d’une véritable insatisfaction. « Le célibat est un chemin de maturation vers la paternité ou la maternité spirituelle », rappelle François. « Si un prêtre n’est pas père, si une sœur n’est pas mère, ils deviennent tristes », observe-t-il encore. Cette absence de paternité ou de maternité spirituelle engendre tristesse et stérilité, et « cela n’est pas catholique ! » conclut François. La joie du consacré découle ainsi de sa fécondité pastorale et la nourrit. « Ne soyez pas des vieilles filles et des vieux garçons ! », a-t-il lancé.
Le pape a enfin appelé séminaristes et novices à « l’authenticité ». Les jeunes ont une aspiration naturelle à la cohérence, a-t-il noté, et ils sont « dégoûtés quand ils voient des prêtres ou des religieuses qui ne sont pas authentiques », qui, comme les Pharisiens dénoncés par Jésus, se complaisent dans l’hypocrisie et la duplicité.
Donner « un exemple cohérent »
Aux formateurs, aux religieuses et aux prêtres plus âgés de donner « un exemple cohérent ». « Il est nécessaire que nous, prêtres et sœurs, soyons cohérents avec notre pauvreté, insiste François. Quand on commence à considérer que l’argent constitue le principal intérêt d’une institution éducative, ou paroissiale, ça ne va pas. Ca ne va pas, a alors insisté le pape, c’est une incohérence. » « Les autres doivent pouvoir lire l’Évangile dans nos vies », a-t-il ajouté, malgré les « limites » et les « péchés » de chacun.
Puis, une dernière fois, il les a encouragés à aller de l’avant « avec joie, avec cohérence, avec le courage de dire la vérité, de sortir de soi pour rencontrer Jésus dans la prière et de sortir de soi pour rencontrer les autres et leur donner l’Évangile ».
Source : La Croix