Le Coran, il faut le rappeler, est une prédication sur l’Unicité divine, sur les fins dernières et les conditions de la vie future, sur les prophètes antérieurs et leur message. Dieu a dit : « Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc » (S.23, v.53). En affirmant cela, Dieu signifie aux croyants qu’ils doivent avoir un point d’appui auquel se rallier, un objectif d’ensemble : servir Dieu. La Oumma est une et doit le rester car Dieu est Un. Quelles que soient les hiérarchies sociales maintenues, le musulman sincère ne saurait oublier que « tous les croyants sont frères » (S.49, v.10). Pour les chantres de l’islam politique, le plus grand crime des musulmans fut d’instrumentaliser Dieu à des fins politiques. Faire d’un message spirituel un instrument politique est blasphématoire, et ce sacrilège naquit au lendemain de la mort du Prophète Mohammed. Les divisions, les schismes et les sectes dans un climat de violences et de tensions, ont en effet anéanti la Oumma depuis le règne du calife Abou Bakr. La prétention à représenter l’islam, chacun dans le style du système qu’il représente, fut une des causes majeures de la paralysie du monde islamique.
Les sociétés islamiques regorgent d’inégalités, d’anarchie et d’usurpation dans une absence de hiérarchie valable et de valeurs saines. La discorde qui gangrène ces sociétés est la conséquence des mensonges, des hypocrisies et des sophismes qui y circulent, plus nombreux que les atomes dans l’air. Une grande partie du monde musulman aujourd’hui est dans l’imitation de l’Occident, en particulier le pays de l’Oncle Sam, en raison d’une civilisation matérielle moderne qui s’est imposée par ses impératifs à un islam décapité. Car les musulmans vivent dans un mirage mythique et non dans une spiritualité transformatrice en imputant à l’Occident leurs défaillances au lieu de les assumer loyalement. Vu le délabrement dans lequel est plongé le monde musulman, en particulier sa zone arabe sous l’emprise de dirigeants corrompus et faussaires, ne serait-il pas légitime de s’interroger sur l’éventualité d’un châtiment divin ? Il est en effet accablant pour la rue arabe de constater que ses dirigeants restent passifs voire complices d’Israël, responsable d’un génocide envers les Palestiniens, avec une Arabie saoudite en tête qui criminalise les soutiens à la Palestine !
Et que dire d’une majorité de musulmans en France qui, malgré des mosquées bondées à l’occasion de la prière du vendredi, révèle une apathie déconcertante à propos du soutien aux Palestiniens victimes d’atrocités commises par Israël, où peu de musulmans se rendent aux manifestations organisées en faveur de la Palestine depuis l’éclatement du conflit. Que penser aussi de l’inanité politique de cette majorité sur le terrain du boycott des produits israéliens, où de nombreux parents aux revenus souvent modestes, habillent leurs enfants de marques issues de grands groupes qui soutiennent la colonisation israélienne depuis de nombreuses années, sans compter la grande distribution, les chaînes de fast-food ou encore une célèbre boisson américaine présente dans les foyers et sur les étals des nombreux commerces détenus par des musulmans. Mais en dépit de ce constat affligeant, la Oumma fictive est sauve, car les femmes et les jeunes filles sont encore plus voilées, que les fils en particulier, sont présents à la mosquée le vendredi lorsqu’ils ne sont pas rivés le reste du temps sur les réseaux sociaux ou sur les jeux vidéos. Une partie de la jeunesse musulmane qui a d’ailleurs bien intégré dans sa construction religieuse, l’idéologie libérale au travers de la « sanction-gratification » tant vantée par les imams, et mise en pratique grâce à la maxime « pèche et prie » en vogue sur le puissant TikTok. Avec un tel slogan, la relève musulmane est assurée.
Le libéralisme, par sa manière et dans son essence est la négation franche mais radicale de l’islam. Il déshumanise en essayant de prétendre que nous ne sommes pas des esprits autonomes, mais des choses. C’est le monde d’Iblis (démon) en opposition radicale et en guerre ouverte avec la société des enfants de Dieu. Car lorsqu’il est question d’islam de marché, entrepreneurs et consommateurs labellisés « halal » répondent présents, quitte à sacrifier le sort des Gazaouis sur l’autel du profit pour les premiers et du consumérisme pour les seconds. Partout dans le monde musulman, nous observons la tendance d’un néomusulman soumis aux règles du marché avant celles de Dieu aux quatre coins du globe. Il y a un problème de représentation globale où l’islam est instrumentalisé à des fins politiques et mercantiles. La conséquence d’une telle imposture est l’évanouissement de l’homme dans le matérialisme et dans le mépris du spirituel, avec un corps éthérique qui se contracte et se dessèche. Comment dès lors ne pas penser dans une pareille situation, que les musulmans de France dans leur grande majorité, méritent finalement leur triste sort ? Pour ne pas conclure, Dieu dans le Coran enseigne aux hommes, y compris aux musulmans : « (…) Quiconque se montre clairvoyant le sera à son propre avantage ; et quiconque demeure aveugle le sera à son propre détriment. Je ne suis nullement chargé de votre sauvegarde. » (S. 6, v. 104).